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La psycho
dans Signes & sens
Bien réagir
à la prise de poids excessive
de son ado |
L’adolescent a besoin de marquer son territoire. Les bouleversements de cette période de transition font que nous ne reconnaissons plus fatalement - quoi de plus normal ! - le petit enfant que nous avons porté dans nos bras.
Prendre du poids, chez un ado, peut revêtir différentes « formes ». Les filles, voulant ressembler aux canons véhiculés par la mode, ont souvent tendance à se trouver trop grosses. Avec les garçons, c’est en général la réaction inverse. Ils veulent tellement devenir l’homme fort par excellence qu’ils sont plutôt enclins à s’imaginer trop maigres. Résultat : des conflits avec eux-mêmes, des comportements d’opposition avec le monde adulte, larvés ou manifestes. À cela s’ajoute le malaise face à l’avenir.
L’attitude raisonnable
Il serait bon tout d’abord, pour éviter tout jugement intempestif au sujet des défauts de notre ado, de revisiter avec objectivité notre propre adolescence. Étions-nous à l’aise avec notre apparence physique ? Comment envisagions-nous le futur au même âge ? Cette introspection aura l’avantage de relativiser notre inquiétude de parents. Notre enfant est fondamentalement différent de nous. Par conséquent, inutile de vouloir le modeler pour qu’il ressemble à ce que nous aurions voulu être nous-même. Cette attitude ne ferait qu’ajouter un poids supplémentaire et inutile à la situation. Si donc, après cela, vous trouvez que votre ado est en surpoids, commencez par entamer le dialogue et demandez-lui son avis ! Prendre anormalement des kilos est un langage. Il est question inconsciemment de se protéger, de compenser… Induire une consultation peut aider à débloquer la problématique à condition que l’ado soit partie prenante. Évitez ainsi de l’emmener de force chez un diététicien, ce qui aurait pour effet de renforcer ce que le vocabulaire psy appelle des mécanismes de défense. À moins qu’il y ait un véritable danger physique.
Pas de panique !
À l’âge où l’extérieur fascine, un adolescent est en général de moins en moins à la maison. C’est le temps des sorties avec les potes, des idylles. Souvent, les repas sont pris au fast food ou au kebbab du coin. Scooter aidant, la jeune-fille ou le jeune-homme allège sa présence au domicile. Si cela peut inquiéter parfois les parents, il faut savoir, si un minimum de limites sont respectées - notamment en matière d’horaires et de fréquentations -, que le comportement est sain. Il en va différemment si votre jeune est affalé toute la journée devant des vidéos, si sortir ne l’intéresse pas, bref s’il devient un poids pour lui-même et pour vous ! Ce côté exagérément casanier traduit certainement une difficulté de communication qu’il peut aussi compenser par une absorption exagérée de nourriture. Pas de panique toutefois ! Il peut s’agir d’une période passagère où votre enfant a besoin de vérifier qu’il ne sera pas rejeté. Ici encore le dialogue parents/ado est primordial.
Mariane, mère de Chloé, 14 ans, raconte : Depuis un mois, Chloé prenait systématiquement ses repas dans sa chambre, seule devant la télé. Les bouteilles de soda vides, les emballages d’aliments commençaient à s’entasser. Malgré mon inquiétude, j’ai décidé de la laisser faire et surtout de ne plus ranger sa chambre. Voyant que je ne réagissais pas violemment comme à l’accoutumé, intriguée même, Chloé est revenue peu à peu prendre ses repas en famille. Depuis cette période, j’ai compris que si ranger sa chambre me pesait, ce type d’intrusion pesait aussi à Chloé…
Chantal Calatayud
Des périodes de transformation normales
Il existe trois périodes dans la vie où les transformations physiques sont très importantes et tout à fait normales : la vie fœtale, la première année de bébé et l’adolescence. Ainsi, la taille d’un enfant augmente en moyenne de 7 à 13 cm chaque année. D’autre part, entre 13 et 18 ans, il n’est pas rare que le poids de l’adolescent soit multiplié par 2…
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