Ce peintre néerlandais est un personnage curieux. Si pour une minorité, il a une naïveté qui lui vaudra de réussir, toujours est-il que ce teinturier aime vivre carpe diem. Ainsi, alors que son réel métier s’occupe de la teinturerie, il adore peindre et le fera, tout au long de sa brève existence, avec une envieuse décontraction. Sa fortune personnelle y est sûrement pour quelque chose. Argent qui lui permettra, en outre, de prendre le temps de développer une véritable amitié avec Rembrandt qui se plaît à faire son portrait, à l’instar d’ailleurs de Eeckhout. Cappelle, cet homme singulier, devient, au fil des années, le détenteur d’une collection incroyable. La liste est interminable : près de 500 dessins de Van Goyen, 1000 dessins d’Avercamp, une quinzaine de tableaux de Porcellis, plus de 500 gravures de Rembrandt… Entre autres… Les Marines de Jan Cappelle sont particulièrement identifiables : de couleur bise pour la plupart, elles deviennent des miroirs étonnants dans lesquels se côtoient et se noient fréquemment des éléments opposés, comme l’eau et l’air, c’est-à-dire le féminin et le masculin. Cette sorte de chevauchement exprime aisément le jeu imagoïque qui l’habite, dans lequel se mélangent, indifférenciés, son anima et son animus. D’où cette ambiguïté remarquable sur ses toiles dans lesquelles la force se marie et s’allie à la tendresse. Ainsi et malgré quelques paysages plus rudes, Cappelle reste un peintre de l’harmonie.
Ivan Calatayud