Henri Fantin-Latour
(1836-1904)
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Est-ce parce que son père était un portraitiste connu de l’Isère que la destinée d’Henri Fantin-Latour l’a conduit, à son tour, vers l’univers artistique ? Est-ce parce que son père a initié tout jeune ce futur grand peintre français à l’art du pinceau ? Toujours est-il que Fantin-Latour fils découvre à 15 ans l’atelier de Lecoq de Boisbaudran à Paris. Et ce, avec joie ! Mais c’est en parcourant le Louvre frénétiquement qu’il se familiarise avec le génie, entre autres, de Véronèse et de Watteau. Curieusement, devenu adulte, c’est l’Angleterre qui s’intéresse en tout premier lieu au travail de l’artiste. Quatre séjours Outre-Manche restent d’ailleurs marqués de l’empreinte de Fantin-Latour, période qui s’étend entre 1859 et 1881, grâce – notamment – à son amitié avec Whistler. Cependant, le talent du peintre n’arrive pas à s’imposer de façon linéaire, connaissant même quelques hauts et beaucoup de bas… Le salon de 1859 le boude, ce qui le pousse à participer cinq ans plus tard au « Salon des refusés » ! Excellente idée puisque le jeune Henri s’impose dès lors avec ses portraits, style qu’il continuera quasiment toute sa carrière : Édouard Manet (1867), Madame Fantin-Latour (1877), la Lecture (1877), Autour du piano (1885)… Toutefois, les natures mortes sortent régulièrement des toiles du peintre mais il s’applique, comme dans ses portraits, à les rendre d’un réalisme époustouflant, telle qu’en atteste la Nature morte des fiançailles, en 1869. Par contre, certainement très influencé par sa période anglaise durant laquelle il s’intéressa assidûment au Préraphaélites (et en particulier à Rossetti), Fantin-Latour découvre le corollaire inversé de la minutie des compositions poétiques en s’essayant au féérique. Passionné en outre de musique, sa peinture est une sorte de complémentarité au monde sonore subtil, d’où des liens picturaux avec les œuvres de Berlioz (l’Anniversaire – 1876) ou encore de Wagner. Mais Henri Fantin-Latour, malgré son intérêt pour les impressionnistes qu’il fréquente et rejoint au Café Guerbois, demeure un peintre traditionnel bien ancré dans son époque. À l’instar de Carrière, il reste ainsi un peintre de l’intimité.
Ivan Calatayud