Postmoderniste, ce peintre français l’est assurément. Sans oublier que Gérard Garouste domine l’art de la mise en scène. Issu de l’école des Beaux-Arts, son célèbre spectacle Le Classique et l’Indien marque les esprits de la fin des années 1970. D’ailleurs, un certain classicisme – par fidélité professionnelle – émerge de sa peinture mais l’excellence de l’artiste consiste, justement, à manier à merveille le passé et le modernisme. Cette alliance subtile constitue une des raisons du talent de Garouste. La couleur est présente mais ni éblouissante ni ostentatoire. Tout comme la mythologie et la religion qui traduisent cette nécessité absolue chez ce peintre de reconnaître que le présent n’est rien si on ne l’inscrit pas dans une filiation symbolique : Orion le Classique, Orion l’Indien (1981), Orthros et Orion (1982), Orion et Céladon (1983), Sainte Thérèse d’Avila (1983). Le pinceau n’oublie jamais sur la toile la trempe de Derain par exemple. La personnalité de Gérard Garouste manifeste sans cesse l’espace-temps qu’il met systématiquement et savamment entre ses maîtres et lui-même. Son étonnante réinvention permanente et spirituelle n’échappe pas aux spécialistes de l’art. Garouste se taille une solide réputation largement méritée au point d’intervenir dans la décoration de l’Élysée ou encore du Palace. Il excelle également dans la sculpture. En d’autres mots, Garouste est un artiste complet à l’aise dans son époque.
Ivan Calatayud