Alberto Giacometti
(1901-1966)
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Sculpteur et peintre suisse, Giacometti suit les cours de l’École des arts et métiers de Genève. Il ressent une absolue nécessité de se rendre en Italie en 1920. Il y réside seulement une année mais cette période d’imprégnation picturale est féconde et décisive pour lui. Ainsi Giacometti s’approprie-t-il le travail de Cimabue, Giotto, Tintoret entre autres. Suffisamment d’acquis pour affronter dès lors la capitale française : Archipenko et Bourdelle l’accueillent. Mais la Seconde Guerre Mondiale éclate et l’artiste regagne Genève. Tout d’abord enclin au Néo-Impressionnisme, il flirte avec le Cubisme puis c’est au tour du Surréalisme de le happer littéralement. Mais pour un temps seulement car la forte personnalité de Giacometti provoque finalement en lui le désir d’un travail d’introspection qu’il met au service de la sculpture. Cette période s’étendra tout de même sur environ huit ans. Ces années affinent son sens inné de la psychologie et le portrait s’impose dorénavant à lui comme le moyen d’expression et de transmission en adéquation avec ce qu’il sent être fondamentalement. Mais, à partir de 1945, Alberto Giacometti retrouve ses réflexes picturaux, au point de renouer avec le dessin et autres eaux-fortes, d’où des illustrations devenues célèbres aujourd’hui et destinées à André Breton (L’Air de l’eau) ou encore à Georges Bataille (Histoire de rats). Ce travail n’est en fait jamais coupé et isolé de ses sculptures et l’ensemble forme un tout qui fait de Giacometti une artiste vrai qui respecte inlassablement l’équilibre et l’unicité de l’être humain, malgré une vision authentique et lucide des dérives potentielles du bipède. Giacometti laisse en héritage les jeux subtils du regard comme autant de miroirs à sonder et à explorer pour anticiper la fin possible d’un monde que ses occupants malmènent depuis toujours. Empathie et intuition dominent l’œuvre de ce surdoué : Portrait d’Isaku Yanaïhara, Caroline…
Ivan Calatayud