Thomas Girtin a toujours su s’entourer d’amis professionnels de très grande qualité. Ainsi ce peintre anglais s’est-il mis à la peinture grâce à Fisher. Mais sa rencontre avec le grand aquarelliste Edward Dayes a été déterminante. Nous sommes en 1789 et trois ans plus tard, les deux hommes complètent leurs talents respectifs grâce à un partenariat d’envergure. Effectivement, Girtin fait connaître à son ami Dayes, Moore, spécialiste de l’Antiquité, qui avait cru très tôt en Thomas Girtin. Même si les événements artistiques se diffusent à l’époque lentement, Girtin commence à se faire un nom. John Raphael Smith lui demande de réaliser des estampes en couleurs et c’est alors qu’il côtoie Turner. Girtin, au contact de ses pairs, affirme rapidement sa personnalité. Son style est né qu’il exprime naturellement dans ses dessins (Cathédrale de Peterborough). Il choisit, en 1796, de se rendre en Écosse, tout comme il veut découvrir l’Angleterre du Nord, puis ce sera l’ensemble du Sud-ouest et enfin le Pays de Galles dans sa partie la plus au nord. Son ambition picturale, à partir de là, s’en ressent fortement et ses peintures deviennent de tailles beaucoup plus imposantes que jadis. Mais Paris l’appelle et Girtin y séjourne deux années, de 1800 à 1802 : il s’adonne alors particulièrement à la technique de l’eau-forte. Il est vraiment regrettable que la mort ait frappé trop prématurément ce très grand aquarelliste (27 ans). Du reste, Girtin avait affiné les méthodes aquarellistes de son époque en abandonnant délibérément la monochromie colorée. Il quittait ainsi l’influence solide de Moore. À partir de ce choix décisif, les couleurs traduisent une sensibilité qui devient de plus en plus sa signature. Ses paysages en attestent. Girtin devient un peintre véritablement avant-gardiste, comme sa façon de représenter les étendues naturelles le manifeste. Une force dans le trait s’empare de la toile, très vite reléguée par du vide, de l’absence, de la vacuité : le chaland est happé par une recherche d’horizon et décide de porter son regard où bon lui semble… Le style Girtin n’a cessé d’affirmer l’utilisation intéressante et incontournable de l’aquarelle et de l’imposer comme un procédé d’une ampleur aussi vaste que celle de la peinture à l’huile.
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