Albert Gleizes
(1881-1953)
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Ce peintre a de qui tenir ! Plusieurs artistes de renom appartiennent à sa filiation comme son célèbre oncle, L. Comerre, peintre néo-symboliste. Mais le père d’Albert Gleyzes est également connu d’un milieu professionnel à la fibre artistique certaine puisqu’il dessine des motifs sur étoffe. Sa sensibilité au monde de l’art est donc exacerbée et il s’intéresse de très près à Kenan et Comte. D’ailleurs, il se mobilise pour la fondation de l’association Ernest Renan dès 1905. Un an plus tard, il accompagne dans un même esprit fédérateur Duhamel et Vildrac pour la cause de l’abbaye de Créteil mais cette communauté intellectuelle l’étouffe sûrement un peu puisqu’il opère un changement jusque dans sa peinture : ainsi délaisse-t-il l’impressionnisme qu’il représente pourtant depuis de très nombreuses années. Il se dirige alors vers des représentations plus globales, plus fortes, plus synthétiques : Paysage des Pyrénées (1908). Toutefois, en ce début de XXème siècle, l’art pictural évolue à une vitesse époustouflante. Gleizes évolue avec lui. Le Cubisme l’attire, il se laisse littéralement happer : Femme au phlox (1910). On retrouve dans cet élan novateur Cézanne mais Albert Gleizes veut laisser également un témoignage marquant de son époque. Ses toiles s’animent comme la société ! L’homme, insatiable et fasciné par Fernand Léger (Footballers – 1912/1913) ou bien sûr Pablo Picasso (Femmes cousant – 1913), finit par être dépassé psychologiquement par l’ampleur de sa créativité du moment. Il en résulte pour lui une période mystique, un peu borderline… Est-ce un état régressif qui pousse le peintre à se lancer dans des approches sphériques particulièrement géométriques ? Ses Sept Éléments iraient dans ce sens… Ceci étant, Gleizes est toujours davantage poussé à laisser des traces écrites derrière lui : La peinture et ses lois, Art et religion, Art et production, Art et science, la Forme et l’histoire, rédaction dans laquelle il objective, selon lui, l’intérêt d’allier l’architecture (formes) à la peinture.
Ivan Calatayud