Né à Rome le 26 août 1880, d’une mère vivant de ses charmes, bien qu’issue de la noblesse polonaise, et de père inconnu, Guillaume Apollinaire, apatride jusqu’en 1916, s’est néanmoins imposé comme l’un des plus grands poètes français du XXème siècle. En 1882, Angelica, la génitrice de Guillaume, met au monde un deuxième enfant d'un officier italien qui la quitte 3 ans plus tard. Avec ses deux fils, elle décide alors de s’installer à Monaco, ville où elle exerce le métier d’entraîneuse dans un casino. En 1887, Guillaume entre comme pensionnaire au collège Saint-Charles. Il y reste jusqu’à ses 15 ans, puis est inscrit successivement aux lycées de Cannes et de Nice. Bien que bon élève, il échoue au baccalauréat, ce qui ne l’empêche pas d’écrire ses premiers poèmes et de se sentir appelé à une destinée hors du commun… Des débuts chaotiquesEn 1900, nouveau déménagement à Paris. Guillaume, attiré par l’art et la littérature, est ravi. Cependant, la situation précaire d’Angelica oblige le jeune homme à trouver rapidement un emploi. Grâce à un diplôme de sténographie, il devient employé de banque mais sans grande conviction. Son caractère, jusque-là docile, s’affirme. Guillaume est plus que jamais animé par le désir d’écrire. Il frappe en vain aux portes de diverses revues pour leur proposer des contes. Finalement, le jeune auteur décroche un contrat d’un mois comme nègre pour la rédaction d’un roman feuilleton dans le journal Le Matin. Malheureusement, l’avocat Esnard, qui signe ses textes, refuse de le rémunérer. En guise de vengeance, le futur poète séduit sa maîtresse… Persévérant, il parvient à faire publier ses premiers poèmes en 1901 dans La Grande France. Mais cela ne lui suffisant pas pour gagner sa vie, il part en Allemagne en tant que précepteur chez la Vicomtesse Elinor de Milhau. Il y rencontre la jeune gouvernante anglaise Annie Playden, dont il tombe follement amoureux. Effrayée par le côté fougueux de Guillaume, Annie refuse de nouer une relation et part en Amérique. De cette déception naîtra La Chanson du mal-aimé et l’Émigrant de Landor. Un artiste novateur et un homme passionnéIl est difficile de dissocier l’œuvre de Guillaume Apollinaire de sa quête d’une union amoureuse idéale. Il ne fait pas dans la demi-mesure, c’est un passionné. En 1904, il se lie d’amitié avec un autre grand amoureux des femmes, Pablo Picasso. Cette collaboration, ainsi que ses contacts avec Max Jacob, jettent les bases d’une théorie artistique révolutionnaire privilégiant l’abstraction au détriment de la représentation du réel. À la suite d’Arthur Rimbaud, le poète cherche le pan invisible de cette réalité. C’est d’ailleurs sous sa plume que le substantif « surréalisme » apparaîtra pour la première fois en mars 1917 : Tout bien examiné, écrit-il, je crois en effet qu’il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j’avais d’abord employé. Avant cette période, il entretient une relation passionnée pendant 5 ans avec l’artiste peintre Marie Laurencin, que Picasso lui fait rencontrer en 1907. Elle le quitte, elle aussi, ne supportant plus ses crises de jalousie. Comme par le passé, c’est avec l’art qu’il sublime la désillusion. Apollinaire donne des conférences sur le cubisme et publie « Alcools ». Son talent et sa fougue se déclinent sous de multiples formes. Il est à la fois conteur, journaliste, critique d’art. Défenseur de l’art moderne, il n’a de cesse d’ouvrir des voies nouvelles. Le brigadier ApollinaireLorsqu’éclate La Grande Guerre, Guillaume Apollinaire fait une demande d’incorporation dans l’armée française en tant que citoyen russe. Refusé une première fois, il insiste et obtient, en décembre 1914, que soit mise en route sa procédure de naturalisation. Il s’amourache alors de Louise Coligny-Chatillon. Nouvel échec affectif qui donnera « Poèmes à Lou » dont Michel Décaudin, spécialiste de l’œuvre d’Apollinaire, dira : Jouant de tous les registres, depuis les maîtres traditionnels jusqu’au poème figuré, jamais Apollinaire n’a montré dans son expression une telle audace et une telle invention. En 1915, il rencontre Madeleine Pagès avec qui il se fiance. La même année paraît « Le Poète assassiné ». Un an plus tard, il est blessé à la tête par un éclat d’obus et subit une trépanation. La guerre est finie pour lui et il se sépare de Madeleine. Sa faiblesse physique ne le contraint cependant pas à la passivité. En juin 1917, il fait jouer sa pièce « Les Mamelles de Tirésias », une pièce surréaliste, et publie « Calligrammes » la dernière année de sa courte existence qui se termine à cause d’une mauvaise grippe espagnole le 9 novembre 1918, jour coïncidant exactement avec la fin des hostilités mondiales….
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