William Holman Hunt
(1827-1910)
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Si les voies du Seigneur sont impénétrables, la destinée de ce peintre anglais est tout à fait singulière. Effectivement, Hunt s’intéresse très jeune à l’étude du monde des affaires. Sur les conseils de son père, il en fait même sa profession. Mais quelque chose lui dit que justement ce n’est pas sa… voie ! C’est ainsi qu’il s’inscrit à la Royal Academy. Une rencontre déterminante l’y attend : celle de Millais avec lequel il refait le monde… de la peinture ! C’est d’ailleurs aidé de cet ami précieux qu’il décide de fonder la « Pré-Raphaelite Brotherwood », grâce aussi à d’autres artistes dont Rossetti. Hunt et ses compères considèrent qu’il est indispensable de revoir, de réformer même l’art contemporain. Il n’a que 21 ans et déjà une expérience de vie riche de réflexion… Les toiles de William Hunt restituent un miroir paradoxal : l’amour du détail dans la fidélité de la représentation du sujet est évident mais le peintre aime son travail de façon à ce qu’une sorte de loi humaine émerge systématiquement de la toile. Il y a de la morale chez Hunt. Son travail peut être déconcertant pour certains si cette dimension n’est pas intégrée, voire acceptée par le chaland (Lumière du monde, 1853 – Éveil de la conscience, 1854). La mode est aux voyages pour les peintres et l’artiste ne s’en prive pas : la France – dont Paris –, la Belgique, l’Italie, la Palestine (où il retourne trois fois) dans un esprit complexe de réalisme spirituel… Ce trait de caractère de Hunt finit par le desservir. Effectivement, il oscille entre désir excessif de réalisme et symbolisme. L’artiste peine à imposer une inclination marquée qu’exige tout professionnalisme pictural. Est-ce par psychorigidité ? Quoi qu’il en soit, le lâcher prise et la spontanéité ne sont pas au rendez-vous dans l’œuvre de l’artiste. Pourtant, Hunt a l’art de laisser émerger une poésie inattendue et exceptionnelle dans un magma contrasté : le Pont de Londres le soir du mariage du prince de Galles (1863-1866)…
Ivan Calatayud