Du courage il en a fallu à ce Russe – c’est certain – pour abandonner sa carrière militaire et s’autoriser le métier de peintre ! Jawlensky fréquente ainsi l’Académie de Saint-Pétersbourg dès 1889. Mais c’est à Munich que son existence prend une tournure décisive en 1896, année où il fait la connaissance de Kandinsky, alors qu’il poursuit sa formation artistique chez Anton Azbé. Ses débuts se veulent réalistes mais l’élan novateur de Van Gogh offre à ce peintre russe la possibilité de s’exprimer sur la toile sans retenue. Ce qui le conduit aussi à adhérer au Néo-Impressionnisme, le poussant à se rendre en France en 1905. C’est alors la rencontre avec Matisse. Fondateur de la Nouvelle Association des artistes de Munich en 1909, aidé de Kandinsky, les deux hommes œuvrent véritablement ensemble, notamment à Murnau. Cette région des Alpes bavaroises renforce son goût pour un art populaire et traditionnel (Russe). La Suisse attire l’artiste qui décide de s’installer à Saint-Prex où il séjourne durant sept ans, de 1914 à 1921. L’abstraction l’interpelle maintenant davantage. Il passe de son intérêt pour la restitution de paysages à celle des visages qu’il auréole d’une connotation quasi religieuse (Tête de saint). Après la Suisse, Jawlensky décide de vivre à Wiesbaden où il rejoint Kandinsky et rencontre Klee et Feininger : ils créent le groupe des Quatre Bleus en 1924. Curieusement, Jawlensky affirme davantage encore ses élans religieux sur la toile (Yeux ouverts), ce qui le conduit à un travail de plus en plus magistral (Méditations). Finalement, Jawlensky oscillera toute sa vie entre figuration et abstraction, imposant toujours aux regards la relation duelle humaine : l’être désireux de vivre coûte que coûte mais, souvent à bout de souffle, n’ayant pour seul recours pour panser ses plaies et calmer ses angoisses que celui de s’élever…
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