Jean-Baptiste Jouvenet
(1644-1717)
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Issu d’une vieille famille d’artistes de Rouen, férue notamment de peinture et de sculpture, le jeune Jean-Baptiste Jouvenet rêve de conquérir Paris grâce à ses dons picturaux dont il est très vite conscient ! Il rejoint la capitale en 1661. Fasciné par Poussin, il s’impose en 1673 avec son Jésus guérissant le paralytique. Deux ans plus loin, l’Académie l’accueille à bras ouverts mais beaucoup de ses œuvres ont malheureusement disparu avec le temps, notamment ses plafonds mythologiques. Bien que ne connaissant pas l’Italie, Jouvenet sent une attirance marquée pour la peinture religieuse, dont l’Annonciation restitue à merveille un talent « inspiré » qui fait de cet artiste le spécialiste français n° 1 de l’art spirituel. Jouvenet, animé par un désir rare de transmission et de partage, installe volontiers ses œuvres – celles qui lui semblent les plus abouties – dans grand nombre d’églises de la capitale française : Jésus guérissant les malades, Descente de croix, Magnificat, pour ne citer qu’elles. Jouvenet ne s’en arrête pas là et élargit sa générosité à la province. C’est ainsi que des couvents et des abbayes se voient gratifiés d’œuvres monumentales telles Louis XIV guérit les scrofuleux destinée à l’abbaye de Saint-Riquier ou encore l’Éducation de la Vierge qui orne les murs de l’église d’Haramont dès 1866. À partir de cette période, la liste est impressionnante de ses œuvres offertes à des établissements religieux selon les convictions intimes du peintre qui ne laisse rien au hasard et ne choisit pas un lieu d’hébergement pour ses toiles sans réflexion ontologique. Citons encore Pentecôte, donnée à la Chapelle de Versailles. Ce travailleur acharné accepte avec courage une fin de vie difficile : une paralysie, sorte d’hémiplégie, l’oblige maintenant à utiliser sa main gauche pour peindre. Jean-Baptiste Jouvenet a largement participé à l’humanisation d’une population encline à une espérance légitime. L’ensemble de son œuvre est remarquable de par la générosité de sa palette, tant au niveau de son épaisseur de matière que de tons. Si Jouvenet respecte le symbolique, il a su toutefois, de façon habile, dépoussiérer certains codes artistiques de son époque.
Ivan Calatayud