On ne peut penser « nature morte » sans évoquer cet immense peintre néerlandais. Willem Kalf a très vite acquis la force de caractère de se détacher d’influences qui auraient pu assombrir sa personnalité talentueuse. A priori élève de Pot, sensibilisé fortement par Ryjckhals, influencé par les compositions d’Adriaen Van Ostade, Kalf reste le maître incontesté et incontestable de l’école d’Amsterdam en matière de natures mortes. Les intérieurs domestiques exercent ainsi une fascination sur l’artiste, intérieurs qu’il reproduit avec une minutie et une finesse hors du commun. Sans oublier ses jeux d’ombres et de lumières inégalables. Willem Kalf quitte son pays natal à l’âge de 23 ans pour gagner Paris. S’y trouvent à l’époque des peintres flamands – plus précisément à Saint-Germain-des-Prés. Il les rejoint et s’installe dans la capitale française durant quatre années. L’art de Bourdon le séduit alors. Jusque-là, même si les représentations picturales de Kalf sont précises, elles restent plutôt rustiques. Dès 1643, il fait intervenir dans ses projections sur la toile des pièces d’orfèvrerie. Les métaux précieux se complètent au gré de savantes harmonies de tons qui rendent réalistes ors et argents. Il est une évidence que Kalf fait, de la sorte, un clin d’œil au travail de Rembrandt. Les tentures luxueuses ne sont pas en reste, la vaisselle est plutôt de la porcelaine, les verres sont en cristal (Natures mortes) ! En fait, l’artiste est réactionnaire. Il manifeste ainsi son désaccord avec les natures mortes monochromes tristes chères à Claesz qu’il trouve, de surcroît, trop modestes ! Il impose dès lors un style ostentatoire dont va bénéficier l’avenir de la peinture hollandaise.
Ivan Calatayud