Adepte du Pop’Art, Ronald Kitaj est connu pour son travail qui prend pour supports artistiques des fragments de journaux, de bandes dessinées ou encore des graffiti. Il utilise aussi l’essence de représentations mythologiques. Les Amérindiens l’interpellent au point de les intégrer dans ses applications picturales. Ce peintre américain, né à Cleveland, a pourtant reçu une formation assez classique, dont celle de l’Académie des Beaux-arts de Vienne, après avoir fréquenté à New York la Cooper Union. Les tons contrastés et incisifs de la palette de Kitaj sont caractéristiques, renvoyant à une dimension géométrique habilement intégrée à un ensemble qui traduit une impression compulsive dans laquelle le regard peut pénétrer de façon réflexive. C’est en 1957 qu’il choisit de s’installer à Londres pour y séjourner jusqu’en 1968. Sa très grande maîtrise du Pop’Art influence des artistes talentueux comme David Hockney. À partir de 1969, le peintre délaisse ses pinceaux. On retrouve sa trace à Hollywood ou encore en Catalogne. Durant six années, Ronald Kitaj met ainsi son talent en retrait. Curieusement, lors d’un voyage dans la capitale française, il s’approprie littéralement la manière de travailler de Degas. Kitaj redémarre sa propre carrière de peintre grâce à ce véritable « coup de cœur », d’autant plus surprenant puisque celui-ci succède à son engouement indéfectible jusque-là pour le Pop’Art. Le pastel devient son art favori, le faisant osciller de l’art décoratif (The Orientalist – 1976) à l’expressionnisme (The Rise of Fascism – 1979). Son nouvel intérêt pour ses nus au pastel signe dorénavant un rebondissement inattendu dans l’œuvre de Ronald Kitaj que certains refusent d’envisager comme étant de l’ordre de la continuité mais plutôt comme appartenant à une sorte de rupture avec les débuts. Quoi qu’il en soit, l’homme – même dans ses portraits – continue son avancée au nom d’une sincérité qui ne tolère aucune influence du monde de l’art si il n’y adhère pas…
Ivan Calatayud