À 22 ans, Laure Manaudou a tout gagné et n’a certainement plus grand’chose à prouver sur la scène sportive. C’est peut-être pour cela qu’elle a répondu oui pour jouer son propre rôle aux côtés de Richard Berry, à Olivier Doran, réalisateur d’un film au titre certes évocateur : «Coach». Notre Laure nationale voit le jour le 9 octobre
1986 à Villeurbanne. Dès l’âge de 6 ans,
elle montre son attirance pour un élément,
l’eau, dans lequel elle évoluera au plus haut niveau.
Ainsi, tout un pays vibrera en 2004, lors des
JO d’Athènes, lorsque la championne remportera à elle
seule pas moins de 3 médailles, dont une d’or sur
400 mètres, comme pour rimer avec son prénom… Une irrésistible envie de gagnerDécidément, le mythe de la femme-enfant séduira toujours les foules. On ne peut effectivement en vouloir réellement à une jeune fille qui a jusqu’ici tout sacrifié pour donner le meilleur à son public. Laure revendique aujourd’hui sa jeunesse et son désir de réalisation affective. Si Philippe Lucas a été un entraîneur hors pair qui a guidé Laure Manaudou jusqu’aux sommets, il n’en reste pas moins que la nageuse clame – parfois haut et fort – sa féminité. Et qui pourrait le lui reprocher ? C’est certainement pour cela que l’on peut pardonner quelques caprices de star qui ne sont ni plus ni moins qu’un souhait légitime, compte tenu de son parcours hors norme, à vouloir rencontrer désormais son prince charmant… Encore une fois, Laure n’a vécu jusque-là que pour sa passion. Il se trouve qu’au moment où une adolescente expérimente les relations amoureuses, notre sirène, à l’âge de 14 ans, s’entraînait très dur dans son club de Melun. Pas moins de 2 fois 7 km de nage par jour, sans compter les nombreuses séances de musculation. Ce qui ne laisse que très peu de temps, voire pas du tout, pour penser aux garçons… Pourtant Laure a du charme, beaucoup de charme… Mais l’envie de gagner est plus forte. À 17 ans, elle a déjà battu 20 records de France. Elle remporte même en 2003 la 3ème place sur 100 m dos aux Championnats du monde, décrochant ainsi son premier titre international. À partir de ce moment-là, le public adopte cette jolie championne et en fait une icône. Galvanisée, mais la tête froide, Laure reste concentrée sur son activité et va littéralement exploser. Championne du Monde à 19 ans sur 400 m en 2005, elle attendra toutefois encore deux ans et 5 records du monde pour laisser parler son cœur et rejoindre celui qu’elle pense être l’amour de sa vie, le nageur Luca Marin. Certains adeptes d’une psychanalyse sauvage feront bien sûr le lien entre le prénom de l’élu et le nom de son entraîneur… Il faut dire que ce dernier, marié à une ancienne nageuse de l’équipe de France Olympique, l’avait prise sous son aile de 2000 à 2007, avec l’accord de ses parents, Jean-Luc et Olga, leur promettant d’en faire une championne. Ce qui fut effectivement suivi d’effet… De quoi marquer un inconscient ! L. M. la vie !Laure a beau faire la une des journaux et alimenter les discussions, elle n’en reste pas moins un être humain qui sait montrer ses failles. Voilà peut-être la leçon à tirer de la part d’une jeune fille qui aspire à l’authenticité. Et c’est pour cela qu’on a envie de la laisser tranquille et que son public et même les journalistes sportifs ne l’enfonceront pas davantage lors de ce qui a pu être vécu comme une désillusion aux Jeux de Pékin. Tout le monde s’accorde à dire que la championne a tant donné par le passé qu’elle a droit à une pause, une respiration. Laure n’est en outre en aucun cas nombriliste. Malgré son jeune âge et la pression – pas toujours confortable – de la célébrité, elle est à l’origine d’une fondation, « L. M. la vie », dont le but est d’aider des enfants malades à réaliser leurs rêves. La nouvelle actrice s’engage d’ailleurs à reverser le montant du cachet de « Coach » pour cette cause humanitaire… Les phonèmes de ses initiales sonnent effectivement comme une invitation à aller au bout de soi-même, sans tenir compte du qu’en dira-t-on. Laure Manaudou semble pourtant posséder plus de maturité que ce que certains détracteurs voudraient lui en accorder. À une des répliques du film « Le coach », Je suis là pour vous aider à redevenir celle que vous étiez…, on imagine bien Laure répondre : Et moi, je veux devenir ce que je suis ! Quête existentielle de tout un chacun à laquelle, in fine, toute personne aspire, quelle que soit sa position sociale. Oui, Laure Manaudou nous fait chavirer tout simplement parce qu’elle nous encourage peut-être aussi à savoir parfois nous jeter à l’eau, au sens propre comme au sens figuré. Et puis, à bientôt 23 ans, gageons que la belle Laure n’a pas fini de nous émerveiller !
Pascal Indershit
Sa biographie• Naissance le 9 octobre 1986 à Villeurbanne • 2003 : 3ème place au championnat du monde (100 m dos) • 2004 : JO d’Athènes (médaille d’or sur 400 m, médaille d’argent sur 800 m, médaille de bronze sur 100 m dos) • 2005 : Championne du monde sur 400 m • 2006 : Pulvérise le chrono sur 400 m (3’56’’09) • 2007 : 5 médailles et un nouveau record du monde (1’55’’52 en 200 m nage libre) • 2008 : 89ème record national chez les seniors au meeting international de l’Océan Indien à Saint-Paul de la Réunion • 21 janvier 2009 : Le président du cercle de nageurs de Marseille, Paul Leccia, confirme que Laure Manaudou décide de mettre un terme à sa saison, évoquant un état de saturation qui la prive du plaisir de nager… • 29 avril 2009 : Sortie du film « Le coach », dans lequel Laure joue son propre rôle. |
