René Magritte
(1898-1967)
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À tout juste 18 ans, cet artiste belge décide de suivre l’enseignement de l’Académie des Beaux-arts de Bruxelles. Mais, réalité oblige, Magritte se trouve contraint de gagner sa vie. C’est une usine de papiers peints qui le lui permet. Le peintre est déjà dans une énergie de fidélité à ses désirs picturaux ! D’ailleurs, il n’a de cesse de vouloir rencontrer les plus grands. Il y parvient : De Chirico, Goemans, Lecomte, Mesens, Nougé… Dans les années 20, Cubisme et Futurisme s’imposent comme des mouvements artistiques contemporains incontournables. Magritte s’y essaye. Il s’agit ici de véritables tremplins pour lui puisqu’il rejoint Paris en 1927 et, surtout, les Surréalistes. René Magritte n’en oublie pas pour autant la belle influence de De Chirico. Ainsi les projections de Magritte utilisent-elles encore les atouts d’un champ visuel dirigé sur un urbanisme qui n’en est qu’aux débuts d’une révolution quasi culturelle. Il y a du paradoxe dans ses représentations, tel Village mental (1926). Les silhouettes apparaissent psychorigides, comme dans un étau. Il est vrai que quelques années plus tard, le contexte guerrier enfermera l’être humain à son corps défendant (Assassin menacé, 1926). Le pinceau se veut réaliste. Les années passent mais le style Magritte est reconnaissable à plus d’un titre : les ruptures objectales et subjectales crèvent d’autant plus le support que le peintre laisse subodorer qu’un désaccord peut avoir valeur d’accord comme le traduit la vision qu’il a de la Condition humaine (1934). Le peintre désire que le regard sorte de la toile (Marches de l’été, 1938). Progressivement, cet élan – pas toujours d’ailleurs du goût de ses amis surréalistes – l’entraîne jusque dans des approches particulièrement sombres qui, là encore, viennent s’inscrire – sans les perturber pour autant – dans des perspectives plus avenantes. Magritte peint la vie, ses zones d’ombre qui, elles-mêmes, renvoient à un possible optimisme. Si René Magritte peut donner l’impression d’une certaine approche immobiliste, il insiste sur cette illusion funeste qu’abrite l’Homme qui, pourtant, est obligé de s’adapter en permanence.
Ivan Calatayud