Albert Marquet
(1875-1947)
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Bien que né à Bordeaux, Albert Marquet découvre la capitale française dès 1890 puisque sa famille décide de venir y vivre. Cette même année – doté et doué d’une maturité psychologique exceptionnelle –, il entre à l’École des arts décoratifs. Belle institution qui lui fait rencontrer Matisse. Fort de cette amitié, ils intègrent ensuite tous deux l’École des beaux-arts. Leur maître s’appelle Gustave Moreau… Marquet, au fil du temps, acquiert de solides connaissances picturales : c’est ainsi qu’il devient particulièrement sensible au style de Corot. Mais les Impressionnistes de la trempe de Seurat le poussent à peindre des paysages qui laissent cependant déjà envisager un virage fauviste à venir. Toutefois, l’artiste s’applique à garder sa personnalité et sa fibre sur la toile est reconnaissable à plus d’un titre (Plage de Fécamp, 1906). Albert Marquet sait qu’il doit participer aux Salons en vue. Il s’y astreint. En outre, les courants picturaux français du début du XXème siècle ont un goût prononcé pour le prosélytisme vindicatif. La peinture de Marquet s’en ressent et le traduit (André Rouveyre, 1904). Progressivement, il revient à plus de douceur et de finesse dans l’application du pinceau sur le support. Il restitue ainsi le Paris délicieux de l’époque (Le Pont Saint-Michel) mais en tant qu’observateur fidèle. Albert Marquet aime Monet et il lui rend hommage dorénavant dans chacun de ses tableaux. Paris s’encanaille ? Marquet représente ces femmes qui illuminent avec désinvolture, voire libertinage, les nuits de la capitale ! (Femmes blondes, 1912). L’artiste se veut un témoin de son temps : il ne se lasse pas de regarder et de représenter précisément ce que ce siècle débutant véhicule au quotidien, en particulier dans les rues où les gens modestes disent à leur façon… La palette de Marquet reste incisive tout au long de sa carrière, ce qui ne l’empêche pas de développer un superbe talent aquarelliste à partir de 1925.
Ivan Calatayud