Georgia O’Keeffe
(1887-1986)
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D’un caractère bien trempé, Georgia O’Keeffe veut vivre avec son temps. Jusque dans sa carrière artistique. Ainsi ne supporte-t-elle pas l’Académisme et le fait-elle savoir ! Pour gagner sa vie, cette américaine donne des cours de dessin mais elle est rapidement remarquée par l’originalité de son enseignement. À l’âge de 29 ans, sa route croise Stielglitz, grand photographe new-yorkais et marchand réputé. Il accepte d’exposer des œuvres d’apparence modeste que Georgia O’Keeffe a réalisées au fusain. L’art réunit ces deux talents et leur mariage conclut leur idylle ! Le photographe adore d’ailleurs faire poser son épouse… O’Keeffe développe sa créativité dans ce contexte amoureux et ses toiles se voient dorénavant remplies de fleurs immenses (Iris noir, 1926). La nature l’inspire et bientôt le style de cette femme audacieuse devient reconnaissable à plus d’un titre : le gigantisme se retrouve dans ses paysages qui sont un contraste à la fois d’immensité et de dénuement, doté d’une symbolique à dimension spirituelle quasi systématique (Croix noire, 1929). Peu à peu, le Nouveau-Mexique l’inspire tout comme l’architecture new-yorkaise. Ce qui n’est pas un hasard dans le travail de cette artiste surdouée dans la mesure où elle s’applique à restituer de plus en plus de symétries époustouflantes avec des angles droits tracés de façon avant-gardiste : effectivement, les peintres d’après la seconde guerre mondiale s’empareront résolument de cette technique à visée géo-politique. Ainsi O’Keeffe s’applique-t-elle à projeter « demain » sur le support, ne perdant jamais de fait le sens des réalités, d’autant que les figures géométriques qu’elle restitue de façon compulsive – bien que raisonnée – appartiennent quoi qu’il en soit aux représentations inconscientes du genre humain. Pour exemple, sa toile qui va à l’essentiel : Patio avec nuage, 1956. Fidèle à elle-même, Georgia O’Keeffe a quasiment bouclé la boucle – façon quadrature du cercle – en s’éteignant à 99 ans !
Ivan Calatayud