Samuel Palmer
(1805-1881)
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Ses paysages sont un peu la mémoire de chacun (Scène pastorale avec un marronnier – 1831). Si sa sensibilité, dotée d’un romantisme évident, s’exprime au bout du pinceau, l’ensemble de l’œuvre de ce peintre anglais traduit une force quasi sociologique ! Passionné par le travail de Dürer, son ami John Linnell – qui l’avait déjà initié au talent de Lucas de Leyde – lui présente William Blake. Peinte en 1825, sa Scène rustique restitue précisément l’imprégnation de siècles sous la domination de la religion. Ainsi, le lien étroit que Palmer trace sur le support entre la nature et les formes qu’elle offre à tout un chacun revendique habilement le fait que le hasard n’existe pas… De ces dessins réalisés par une manne bucolique émerge un solide sentiment que tout est miroir et préparation à une autre dimension. Jamais austères, les représentations de l’artiste préviennent en quelque sorte que tout est donc écrit, dessiné, peint. Samuel Palmer éprouve même le besoin de souligner, voire de forcer le trait en auréolant ses dessins de citations, dont certaines de Virgile. En avançant en âge, le côté didactique de l’œuvre, en tant que nécessaire transmission adressée au chaland, s’amoindrit comme en témoigne son Pommier magique (1830). Paradoxalement, ce qui distinguait Palmer des autres grands peintres de son époque, c’est-à-dire son talent d’anticipation quant à une société qui allait chercher à défier le temps quelques décennies plus loin, va en s’affaiblissant. Pour certains, son mariage avec la fille de Linnell – homme qu’il admirait – en serait l’origine. La psychanalyse pourrait effectivement y voir un superbe triangle œdipien dont il n’était plus le maître, Nom-du-Père oblige, tel qu’aurait pu le souligner Jacques Lacan ! De là à rappeler l’intérêt que Palmer a toujours porté au christianisme, il n’y a qu’un pas…
Ivan Calatayud