S’il est devenu l’immense peintre américain que nous savons, ce n’est uniquement que parce que Whistler s’est autorisé à rejoindre son inné en s’opposant à ses parents qui désiraient qu’il soit militaire ! Ainsi ses études sont-elles synonymes, au début de son existence, de plans et de cartes maritimes… Très vite gêné par l’ambiance rigide qui règne à l’école de West Point, il sait qu’il ne s’éternisera pas dans cette voie. En 1858, l’appel artistique se fait plus présent et il succombe à la tentation ! La France s’impose à lui comme la destination rêvée et incontournable pour s’adonner à sa passion : la peinture. Il parle d’ailleurs couramment la langue de l’Hexagone, ce qui lui permet d’intégrer dès son arrivée sur le sol français la communauté artistique parisienne. Un solide parcours se met en place. L’atelier Gleyre lui ouvre ses portes. Il rejoint ensuite l’École des beaux-arts. Aimant étudier au Louvre, il devient très proche de Courbet et de Fantin-Latour. Aux balbutiements de ce cursus exceptionnel, il apparaît comme un excellent élève, c’est-à-dire que James Whistler reproduit assez fidèlement l’enseignement et les conseils de ses maîtres (Au piano, 1859). Cette immense représentation n’est d’ailleurs pas retenue par le Salon. Whistler ne se décourage pas. Il sent son talent, ce qui lui donne la force de présenter cette toile sublime à la Royal Academy de Londres en 1860. Ce prestigieux établissement accepte de l’exposer. L’artiste sera reconnaissant toute sa vie à l’Angleterre de lui avoir permis un véritable démarrage professionnel. Il s’installe d’ailleurs à Londres dès 1863, bien que n’abandonnant pas totalement la France, pays riche de virtuoses de la toile. Et puis vivent dans ce pays ses merveilleux amis, parmi lesquels il compte maintenant Manet. Au fur et à mesure qu’une publicité justifiée se fait autour de Whistler, les rivalités éclatent. L’artiste a une forte personnalité et il continue à avancer malgré des querelles puériles. Témoigne d’une belle psychologie son tableau Nocturnes en bleu et or qu’il réalise dans les années 1870. Il aime l’atmosphère humide de l’Angleterre et la reproduit avec une délicatesse qui commence à définir précisément la signature du peintre. Les courants artistiques japonais le séduisent. Il en applique les subtilités évanescentes sur le support (Princesse au pays de la porcelaine). En avançant dans sa carrière, Whistler considère que tous les arts peuvent se cristalliser sur la toile, y compris les compositions musicales. On devine alors ces « sonorités muettes » mais suffisamment implicites, comme sa Suite vénitienne en atteste. L’art de la simplification règne dans ses productions. Ainsi James Whistler fait-il partie des précurseurs des mouvements picturaux du XXème siècle.
Ivan Calatayud |
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