Ce peintre chinois, né en 1921 à Pékin, est issu d’une famille de gens lettrés. Il s’initie très tôt à la calligraphie et se dirige ensuite vers la peinture chinoise et européenne en s’inscrivant à l’École des beaux-arts de Hangzhou. Il y enseignera d’ailleurs pendant six ans, de 1941 à 1947. En parallèle, Zao Wou-Ki se tient très précisément au fait de l’évolution de l’art occidental. Les courants artistiques français le séduisent et il choisit de se rendre à Paris où il découvre la richesse didactique des musées. Curieusement, son identité chinoise le taraude loin de sa patrie. Il n’a pas envie de la dénier ou de la transgresser. C’est ainsi (peut-on croire au hasard ?) qu’il découvre Cézanne qui lui permet de se recentrer sur lui-même et sur ses racines. Zao Wou-Ki est toutefois conscient de la nécessité à continuer à explorer l’art sous toutes ses facettes. Paul Klee l’influence contre toute attente, encore que ce génie de la peinture ait laissé échapper à plus d’une reprise sur ses supports un penchant orientaliste certain. Il y a donc du lien pour Zao Wou-Ki qui fréquente maintenant assidûment les milieux porteurs de l’époque. L’artiste chinois se fait remarquer notamment par la qualité de ses lithographies qui émeuvent le poète Henri Michaux. Une belle rencontre entre les deux hommes débouche sur l’intérêt que Pierre Loeb apporte à son tour à Zao Wou-Ki. Il devient son premier marchand. Nous sommes en 1951. Sa carrière démarre ainsi véritablement, d’autant que ses aquarelles et autres gravures sont très appréciées dans la capitale française. Zao Wou-Ki avance dans une mouvance artistique qui bouge très vite. Il garde toutefois toujours le sens de son identité et, rejoignant l’Art abstrait, il parvient à fondamentalement trouver son style : un savant mélange qui explose de la palette, comme une sorte d’ode picturale, de laquelle émerge une sensibilité liée à du transgénérationnel assumé. Un certain art « lyrique » auréole de plus en plus le travail de l’artiste, harmonie muette certes mais visuelle qui définit l’excellence à manier le pinceau selon une alchimie poétique unique. Sublime tout simplement.
Ivan Calatayud