Willem De Kooning
(1904-1997)
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Néerlandais, né à Rotterdam en 1904, ce futur grand peintre américain arrête sa scolarité très jeune, âgé d’à peine 12 ans… Mais un commerçant, spécialisé dans la décoration et très en lien avec le milieu artistique, l’embauche. De cours du soir en académie, son sens de l’art s’affine. C’est en 1926 qu’il décide de gagner les Etats-Unis. Même s’il a besoin d’un travail alimentaire – il est alors peintre en bâtiment –, il s’affirme en parallèle dans la décoration. Très soucieux des maîtres qu’il a étudiés durant de longues années, De Kooning renvoie la diversité de l’ensemble des courants picturaux qui l’ont subjugué jusque-là, Picasso compris… Ainsi, le cubisme le passionne et il ne se prive pas de le représenter. Sa rencontre au début des années 40 avec Arshile Gorky constitue un virage important dans la carrière du peintre. L’Abstraction endosse alors une place prépondérante dans le génie de De Kooning, bien qu’il n’abandonne d’aucune façon que ce soit la retranscription plutôt réaliste du monde humain. Curieusement, de cette alchimie faite d’oscillations avec le figuratif, naît une sorte de réappropriation et de réinterprétation de l’Expressionnisme. Au fur et à mesure de l’évolution de sa carrière, le peintre prend confiance dans l’espace qui le sépare de son support. Ainsi se laisse-t-il aller aux coulures et autres éclaboussures. L’œuvre, même terminée, a ainsi un goût d’inachevé que l’imaginaire du spectateur peut investir à sa façon. C’est de la sorte que De Kooning envisage l’Action Painting, mouvement qu’il soutient et auquel il appartient. Peu à peu, ce travail ambivalent séduit et s’impose comme un expressionnisme abstrait. Certains y succombent à leur tour, comme Joan Mitchell ou encore Michael Goldberg. Une fois cette trace impressionnante laissée, le maître s’adoucit : la gent féminine occupe une large importance dans son œuvre qui devient peu à peu singulièrement poétique. Mais l’artiste continue à évoluer. Son style aussi. Les coloris sont plus nuancés, les paysages de plus en plus présents. Des fonds blancs apparaissent même maintenant. Il existe toujours cette recherche de détachement chez De Kooning, qui le mène d’ailleurs progressivement à la sculpture, comme en atteste déjà en 1969 sa Femme assise. De Kooning s’impose ainsi comme le modèle absolu de la nécessité pour tout peintre d’accepter les passages de l’existence en s’adaptant…
Ivan Calatayud