Ce futur grand peintre français connaît une enfance d’éducation plutôt bourgeoise, élevé par des parents musiciens. Malgré un parcours scolaire qui s’arrête à l’adolescence et un travail précoce dans l’importation, il se rend après ses journées de rude labeur à l’école municipale des Beaux-arts de sa ville natale, le Havre. Ces cours sont dispensés par Lhuillier. Le jeune Raoul est âgé alors de…15 ans ! C’est déjà un passionné de peinture et ses penchants concernent Boudin. Mais c’est Delacroix qui confirme Dufy dans son désir de peindre professionnellement. Grâce à une bourse, il entame véritablement ses études à Paris en 1900 dans l’atelier Bonnat. Les Impressionnistes le fascinent. Ce qui ne l’empêche pas, quelque temps plus tard, de donner des coups de pinceau à la manière des Fauves. Son style évolue radicalement. Mais l’approche qu’il a de Matisse n’est pas étrangère à cette progression. En 1908, accompagné de Braque, il se rend à l’Estaque avec comme superbe témoignage sa toile magistrale Arbres à l’Estaque. Puis ce sera Munich et son attirance pour l’Expressionnisme allemand. Petit à petit, Dufy prend confiance en lui, ce qui le conduit à explorer et à pratiquer l’art décoratif. Il ira jusqu’à créer, en collaboration étroite avec Paul Poiret, le célèbre couturier, une firme de textiles dont il a besoin pour ses motifs… Il faut toutefois attendre le début des années 20 pour que Dufy rencontre les fondements de son don : sa palette est déterminée, tout comme ses savantes compositions faites de droites affirmées et de courbes, façon arabesques, qui donnent un mouvement inégalable à ses représentations qui dégagent cependant une sérénité : autrement formulé, du quotidien où tout est possible… Dans les années 50, l’aquarelle l’interpelle et avec cette technique, le peintre français se fait plaisir ! Décidément, au fur et à mesure de sa carrière, il croit de plus en plus en lui et s’essaie aux techniques les plus éloignées… C’est ce qui conduit sûrement Dufy, arrivé au crépuscule de sa vie, à enfin pouvoir alléger son travail : ses supports sont quasiment monochromes, tel le Violon rouge. Ainsi Raoul Dufy s’est-il toujours inscrit avec intelligence, respect, audace et humour comme témoin de son époque. Aucun milieu ne le rebutait. Comme l’ont dit certains, un « véritable reporter »…
Ivan Calatayud