Né à Amsterdam, ce peintre néerlandais a sûrement suivi les cours de Berchem à Haarlem. Assez nomade dans ses désirs, investi d’une belle curiosité, Dujardin décide d’aller à Tanger, puis de parcourir l’Italie. Mais il a près de cinquante ans ! Pourtant, certaines de ses toiles, très méditerranéennes, permettent d’envisager qu’il avait déjà effectué un voyage italien vers 1640. Ses peintures ne restituent d’ailleurs pas à cette époque ce que va être le geste exceptionnel de l’artiste par la suite. Ce sont surtout les scènes pastorales qui attestent de son originalité : entre autres exemples, les bergers peuvent être représentés avec un visage particulièrement abstrait, voire inexistant, ce qui est tout de même novateur au XVIIème siècle ! En revanche, le sens harmonieux de la composition règne comme dans son Paysage à la cascade, réalisé en 1655 et que l’on peut admirer au Louvre de nos jours. L’artiste peint de façon généreuse, ce qui donne à son travail une profondeur qui devient sa signature. Ce qui n’exclut en aucun cas une luminosité qui chasse toute velléité de morosité. La palette est contrastée, rendant l’ensemble de l’œuvre vivante. En vieillissant, le tempérament délibérément précurseur de Karel Dujardin s’affiche dans le côté imposant de ses toiles. Il y a comme une sorte d’acharnement à vouloir forcer le trait, à apporter de la densité, malgré la minutie qui ne quitte jamais le pinceau. Sa technique du clair-obscur est moins nuancée à la fin de sa vie mais Dujardin, de par son anticipation constante, a marqué son temps. Jusque dans son art subtil à lier le symbolique au contemporain, comme en témoigne la Conversion de Saint-Paul : si la tragédie humaine reste omniprésente chez le peintre, Karel Dujardin demeure le vecteur jamais démenti d’un solide optimisme incontournable.
Ivan Calatayud |
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