Âgé d’à peine 15 ans, ce peintre né à Culan, dans le Cher, ne jure qu’en Paris pour intégrer le milieu pictural. C’est ainsi qu’il arrive dans la capitale en 1919 et qu’il commence à gagner sa vie dans la typographie. Montparnasse le fascine et il devient un observateur fidèle des peintres dont il cherche à percer le mystère, ce qui ne l’empêche pas d’être assidu aux cours dispensés dans des académies libres. Quatre ans plus tard, on retrouve Estève en Espagne : il a parcouru un joli chemin dans la mesure où il est responsable d’un atelier de dessins destinés à l’art du tissu. Poussé à nouveau vers la France, il réintègre Paris, plus sûr de lui, quelque temps plus tard. Cette assurance lui permet de fréquenter l’Académie Colarossi. Puis les expositions se succèdent, notamment à partir de 1927 : Salons d’automne, des Tuileries et des surindépendants. Petit à petit, le peintre se fait une renommée et se voit confier ainsi, notamment, la décoration des pavillons de l’Aviation et des Chemins de fer pour l’Exposition internationale de Paris. Estève présente une grande qualité : il a la capacité de s’inspirer habilement des grands courants picturaux de l’époque, tout en y mêlant une subtile réinterprétation. Certes, ses œuvres s’enrichissent du talent de Cézanne et de Gauguin, entre autres, mais Estève manie l’art de la synthèse, comme en témoignent l’Embarquement pour Cythère ou encore le Canapé bleu. Les années passant, l’artiste éprouve le besoin de laisser progressivement les techniques figuratives, ce que confirme l’Homme de barre. Mais les formes géométriques l’interpellent, il s’en empare avec volupté : sa Nature morte fond jaune restitue une rigueur dans la construction de ses nouvelles toiles. À la fin des années 1940, Maurice Estève trouve vraiment son style auquel il restera désormais fidèle.
Ivan Calatayud |
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