Eugène Carrière
(1849-1906)
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À l’époque d’Eugène Carrière, les enfants sont encore mis au travail très tôt… Beaucoup y laissent leur santé, voire leur vie. D’autres – plus rares – trouvent l’énergie de sublimer ce qui pourrait, de principe, s’apparenter à de l’injustice. Aujourd’hui, les choses ne se posent plus en ces termes… Fort heureusement. Mais, au XIXème siècle, la société n’est pas tendre. Et c’est ainsi que le tout jeune Eugène se retrouve comme apprenti en lithographie. Il a 14 ans. Ce dur labeur l’éveille toutefois aux chefs-d’œuvre et Carrière découvre Rubens. Ce qui le conduit, cinq ans plus tard, aux Beaux-Arts. Le peintre prouve son caractère affirmé en affichant son attirance pour le socialisme. Effectivement, fait prisonnier en 1870, sa lithographie les Droits de l’Homme témoigne de sa déception à la suite de l’effondrement de la Commune. Inconsciemment, cette désillusion le mènera à Londres où les socialistes l’accueillent chaleureusement. S’il y a beaucoup de talent chez Carrière, il y a aussi beaucoup d’amour pour l’humanité. Mais son style n’évolue pas du tout vers la mièvrerie. D’ailleurs, il crée, avec Rodin, la société nationale des Beaux-Arts. À la fin des années 1880, ses œuvres renvoient à la particularité efficace du Modern Style. Ce que confirment ses excellentes fréquentations, telles Derain et Matisse, qui s’invitent dans son atelier. Eugène Carrière saura s’imposer puisqu’il est à noter, en outre, qu’il a été et restera le premier Président du Salon d’automne en 1904.
Ivan Calatayud