Henry Raeburn
(1756-1823)
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C’est un milieu modeste qui accueille ce futur peintre écossais dans la région d’Edimbourg, à Stockbridge. Son père vit difficilement de son métier d’ouvrier lainier. Les moyens financiers sont donc pauvres à la maison. Raeburn sera forgeron ! Mais sa destinée en décide autrement contre toute attente : l’art pictural l’attire passionnément et il commence à reproduire avec talent les célèbres portraits de David Martin. Sa voie professionnelle est dès lors tracée et Raeburn ne résiste pas aux eaux-fortes de David Deuchar, par ailleurs miniaturiste de renom. Celui-ci, se rendant compte du génie pictural de ce jeune homme attentif, lui donne des cours particuliers, à raison d’une heure quotidienne, en sortant de la forge ! D’autres influences commencent à étoffer la palette de l’artiste comme Romney, puis Gavin Hamilton dont il fait la connaissance à Rome en 1785. Mais son pays natal lui manque et deux ans plus tard, Henry Raeburn regagne Edimbourg où le succès l’attend en tant que portraitiste. L’élégance de son travail séduit même la cour qui lui accorde la charge de miniaturiste de Sa Majesté. Malgré la sécurité financière que cette nouvelle position sociale lui assure, Raeburn perd du temps dans la mesure où il met un délai considérable à rejoindre les artistes londoniens alors qu’il est sollicité par ce milieu… Sa première exposition en 1792 à la Royal Academy est une vraie reconnaissance mais le peintre reste hésitant face à la décision de s’engager complètement dans un avenir hypothétique en matière pécuniaire. Pourtant, sa cote de popularité augmente. Ainsi sera-t-il anobli par le roi Georges IV en 1822 lors d’un déplacement de celui-ci à Edimbourg. Son excellente réputation s’enrichit et s’amplifie. En 1823, année de son décès, Raeburn est baptisé King’s Limmer d’Écosse pour sa production de plus de 1000 portraits d’une qualité exceptionnelle. Lorsqu’on regarde son célèbre tableau Le Révérend Robert Walker (1784), on est d’ailleurs frappé par un effet singulier de classicisme dynamique. Si un désir appuyé d’authenticité se dégage de l’ensemble de son œuvre, on peut souligner aussi son don qui consiste à recréer des contrastes audacieux d’ombres et de lumières ayant pour sens de révéler la personnalité représentée dans une simplicité qui laisse émerger une puissance psychique étonnante (Colonel Alastair Macdonell of Glengarry, 1795). Henry Raeburn adorait faire le portrait des enfants : il avait en outre une manière très personnelle de représenter leurs traits qui laissaient déjà deviner le devenir de ces futurs adultes. Une psychologie rare au bout du pinceau…
Ivan Calatayud