Robert Rauschenberg
(1925-2008)
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Ce peintre américain, après de solides études au Black Mountain College, expose pour la première fois en 1951 à la galerie Betty Parsons à New York. Cette première exposition particulière renforce sa confiance en lui et c’est alors qu’il décide de voyager. Ses périples à travers le monde durent globalement deux ans. S’il reste marqué par la culture italienne et celle d’Afrique du Nord, lorsqu’il regagne les États-Unis il se lance dans la technique du collage. Il voue une véritable passion à cet art qu’il enrichit constamment : fils, cordelettes, papiers et, surtout, oiseaux empaillés… Cette alchimie est baptisée combine paintings. Rauschenberg franchit ici un cap important en s’opposant en quelque sorte à la peinture abstraite. Rebelle, l’artiste ne cède pas à la tentation des modes picturales du XXème siècle. Il mélange avec talent un art qui reste un rappel permanent de ses influences de Delaunay et d’Apollinaire, entre autres. Cette attitude n’empêche toutefois en aucun cas l’œuvre de Robert Rauschenberg d’évoluer. La sérigraphie s’impose alors dans son travail, ce type d’impression lui permettant ainsi d’utiliser sur ses supports des représentations qu’il récupère en particulier de la presse et des publications américaines (Retro-active, 1964). Rauschenberg joue de fait une partition picturale qui ressemble aux messages que pourraient rapporter les grands reporters politiques journalistiques : les images remplacent – parfois de façon accablante – les mots (Creek,1964). Cependant, infatigable, l’artiste sait se détendre en recopiant et stylisant des œuvres célèbres comme la Vénus au miroir de Velãzquez (1963). Ce type d’épisodes le conduit maintenant du côté d’une forme d’abstraction paradoxale qui s’affirme de plus en plus (Revolvers, 1967) : le support change, ici il s’agit de Plexiglas. Bien que cherchant sempiternellement à évoluer, l’art de Rauschenberg s’allège mais en gardant toutefois une fidélité indéfectible à ses débuts. Son génie créateur reste inimitable comme en témoigne le recours qu’il a aux tissus (soie, satin, gaze). Ses effets de transparence expriment la volonté de laisser un champ ouvert à ses successeurs. Ainsi, dans sa série Hoarfrosts, les matières qu’il suspend nonchalamment, sur lesquelles on peut deviner des morceaux de certaines de ses photographies, traduisent avec habileté que rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme…
Ivan Calatayud