Jean-Pierre Raynaud
(1939)
|
Né à Courbevoie, cet artiste français a débuté par un cursus d’horticulture qu’il achève. Puis il se dirige vers une carrière artistique réussie et reconnue avec ses psychos-objets, blancs et rouges, qui sont sa marque de fabrique. Il les lie à des effets qui se veulent non ostentatoires comme, par exemple, des pots de fleurs. À la façon d’un psychanalyste, Raynaud associe l’esprit – c’est-à-dire ce que Sigmund Freud a nommé « Réalité psychique » – à la réalité du quotidien : on peut ainsi retrouver dans ce travail passionnant des représentations symboliques parlantes tels des échelles ou des panneaux de signalisation. Si ces représentations marquent les complexes de toute existence, voire de toute société, cette forme de vérité familière rend accessibles les messages de ce grand artiste. Ainsi ses carreaux de faïence, bois et tissu, Bleu, blanc, rouge (1987), rendent-ils l’humanité plus présente que si l’humain y était représenté. Cette liberté, propre à Jean-Pierre Raynaud, lui permet de toucher implicitement au déroulement des épisodes inéluctables pour chaque être humain (Funéraires, 1973). Progressivement l’artiste sort de lui-même. Ce don n’échappe pas aux collectivités qui le sollicitent (Abbaye cistercienne de Noirlac, création d’un jardin exceptionnel pour la Principauté de Monaco…). Jean-Pierre Raynaud ne triche pas. Témoin de son époque, il en assume les jeux d’ombres et de lumières, donnant du sens à chaque pan de l’aventure humaine. Au-delà du talent, il y a l’homme : celui qui sait parler dans un langage unique car Raynaud ne fait que suggérer, laissant le chaland s’interroger…
Ivan Calatayud