Alexander Roslin commence sa future existence de peintre en fréquentant Georg Engelhardt Schröder. Né à Malmö en Suède, l’artiste décide de quitter son pays natal en 1745, notamment pour l’Italie. Puis il choisit de s’installer dans la capitale française sept ans plus tard. Il ne quittera plus Paris où il décèdera en 1793. Cependant, Roslin éprouve le besoin de retourner à Stockholm. Il continue d’ailleurs ses voyages culturels et on retrouve sa trace à Saint-Pétersbourg et à Vienne. Il élargit sa palette et s’impose notamment à Versailles – en tant que portraitiste d’une rare modernité pour son époque. Pour exemple, analysons succinctement son célèbre tableau La femme de l’artiste tenant un éventail (1768) : sur cette toile, il joue non seulement de la texture des tissus mais il arrive à faire passer des messages essentiels. L’œil droit de son épouse étant quasiment complètement masqué par une étole posée sur le crâne, l’œil gauche – malicieux – dégage une féminité et une sensualité étonnantes. Si le buste est lui aussi recouvert sur l’ensemble du côté droit, à gauche le sein est offert. La main droite tient un éventail mais le membre supérieur gauche est absent… Ainsi Roslin reste-t-il correct mais tout en explicitant que sous la sagesse règnent les plaisirs de la chair. Ce style séduit d’ailleurs les aristocrates en place, ce qui lui vaut de rejoindre l’Académie. Peu à peu, l’artiste abandonne les influences baroques de Schröder pour glisser vers le style de Boucher, son maître français. Âge aidant, l’austérité jaillit des supports d’Alexander Roslin, pouvant aller jusqu’à dégager une profonde tristesse : Carl von Linné (1775). On peut admirer au Louvre deux de ses célèbres portraits : Dandré-Bardon et Étienne Jeaurat.
Ivan Calatayud
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