Yves Tanguy est entré dans la vie professionnelle en s’identifiant à son père. Effectivement, son géniteur – capitaine au long cours – a certainement tracé la voie de son fils au tout début de son existence de jeune adulte puisqu’à 18 ans, il est pilotin dans la marine marchande. Né à Paris, son service militaire s’effectue à Lunéville. Curieux clin d’œil du hasard. Il rencontre Jacques Prévert avec lequel ils se fréquentent assidûment. Deux ans plus tard, on retrouve leurs traces à Montparnasse. Ils survivent grâce à de petits boulots. Ils poussent un jour la porte de la librairie d’Adrienne Monnier et Tanguy est sous le choc : il s’empare littéralement du mouvement surréaliste ! Cet art fait son chemin dans sa tête et, rapidement, il se lance de son côté dans la peinture. Ses influences picturales sont alors essentiellement Paul Guillaume et Max Ernst. En 1925, grâce à sa ténacité à vouloir fréquenter André Breton, il intègre le groupe des surréalistes avec lequel il prendra de la distance vers la fin des années 30 : guerre oblige ? Le style de Tanguy s’impose toutefois à la faveur de sa forte personnalité et de ses interprétations personnelles qu’il fait des codes surréalistes de l’époque. Tanguy n’oublie pas le milieu marin qu’il redéfinit sur le support telle une vie onirique qui ne cessera d’accompagner le geste sur la toile. Entre rêve et réalité, le talent s’exprime et se renforce : Divisibilité infinie, 1942. Il réalise cette œuvre aux États-Unis où il vit désormais, étant arrivé à obtenir la nationalité américaine. Il décède dans la Connecticut à Woodbury en 1955, encore jeune certes mais ayant marqué son temps d’un style et d’une vision proches d’un monde quasi apocalyptique : une anticipation fantasmatique ou réaliste cette fois-ci ? Le XXIème siècle connaît déjà la réponse… Mais l’inconscient étant visionnaire selon le célèbre postulat de Sigmund Freud, à l’humanité de prendre garde, comme l’a initié et conseillé implicitement le regard avant-gardiste d’Yves Tanguy…
Ivan Calatayud