Alexandrovitch Vroubel Mikhaïl
(1856-1910)
|
Hyperactif enfant, ce peintre russe a quelques excuses. Sa filiation danoise et polonaise, Histoire aidant, a façonné un tempérament à la limite de la paranoïa… Il canalise toutefois ses énergies débordantes et démoniaques en leur obéissant quasiment ! Mikhaïl Alexandrovitch Vroubel ne tient pas en place. Il voyage et applique en particulier ses vastes connaissances artistiques sur des fresques. L’homme dérange et ses amitiés professionnelles ne durent pas. Souvent exclu des cercles où il cherche à s’imposer, il saisit cependant qu’il peut sublimer ses angoisses les plus pathologiques : l’Expressionnisme lui convient à merveille, ses représentations sont le plus souvent schizées (Pan, 1900) mais, paradoxalement, sa toile La Princesse cygne (1900) reste un chef d’œuvre alliant la subtilité orientale, la délicatesse et un sens anticipatoire des réalités qui entraîne à penser que l’existence peut changer très vite du tout au tout. Là encore les ruptures, perceptibles, annoncent que l’être humain n’est jamais issu que de divisions cellulaires qui, déjà, façonnaient au commencement son destin… À l’inverse des peintres français de son époque, Vroubel finit par trop osciller entre passé et futur. Empêché sûrement par loyauté académique de quitter totalement le monde du rêve, il a peu marqué ses contemporains qui baignaient résolument dans un avant-gardisme pourtant convaincant.
Ivan Calatayud