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La psycho
dans Signes & sens
Le bonheur existe tout au fond de nous. Seulement, parfois il arrive que l’on finisse
par le perdre de vue. Il faut alors trouver le meilleur chemin qui nous ramène à lui.
Le bonheur n’est pas simplement l’absence de malheur car cela reviendrait à dire qu’il ne dépend que du monde extérieur. Au contraire, notre état interne est le meilleur garant du maintien de ce bonheur de vivre et de cette joie intérieure. Il est troublant de constater que même ceux qui ont connu une vie tumultueuse, faite de drames et de malheurs, aspirent à « retrouver » quelque chose en eux mêmes, une paix, un calme. Cela suppose donc que cet état existe au fond de nous, tout le temps mais qu’il est recouvert, englué dans nos peurs et nos déceptions.
Les obstacles au bonheur
D’une manière générale, le bonheur s’en va… quand le malheur
arrive. Mais quel est-il ce malheur ? Comment le recevons-nous? Est-il vraiment malheur ou est-ce notre manière de le
considérer qui le fait ainsi ? Comment les choses se passent-elles
dans notre cerveau et dans nos émotions ? Et à partir de quand
peut-on considérer que nous sommes arrivés au stade de la
dépression ?
Nous allons répondre à ces questions à la manière des pythagoriciens
qui ne voyaient le monde que sous la forme de triangles
rectangles. Parfois, c’est le vide qui nous submerge, parfois c’est le trop-plein, parfois encore c’est le troisième côté du triangle, la vie qui passe de « travers ».
Le vide, l’absence, l’ennui…
Quand il y a moins de vie dans notre vie, l’ennui, la sensation de vide, et parfois même l’absence, nous sont intolérables. Un seul être nous manque et tout est dépeuplé, disait notre bon Alphonse de Lamartine. On pourrait le paraphraser en disant aussi qu’un seul être nous manque et tout devient surpeuplé tant il est vrai que dans le manque d’un seul être, on ne supporte plus grand monde. Mais le même contemplatif du lac écrivait qu’un seul désir suffit pour peupler tout un monde... Le désir, voilà ce qui nous manque lorsque le vide s’installe. Le désir de vivre, le désir de l’autre, le désir de soi aussi et peut-être surtout d’être soi et d’être « à soi ». Un seul être nous manque… C’est l’être aimé qui nous quitte par usure, par rupture, par malentendu et il ne reviendra probablement pas. C’est l’atroce absence qui taraude jour après jour et bien souvent nuit après nuit. La solitude injuste, toujours injuste, est insupportable. L’isolement isole et c’est le cercle vicieux du retrait et du repli. Un sentiment de vide profond nous submerge et aucun désir, aucun projet ne trouvent grâce à nos yeux noyés de gris.
Le trop-plein, l’envahissement, le surmenage
À l’opposé du vide, il y a le trop-plein des débordements. Au premier rang se trouve le temps et sa gestion si délicate. Les plannings surchargés sont devenus le lot quotidien d’un bon nombre de femmes et d’hommes. Dans ce temps qui nous est imparti, il faut en faire toujours plus. La place pour souffler, respirer, se recentrer n’existe guère. Pour les femmes, c’est encore pire puisque le partage des tâches n’est pas encore totalement rentré dans les moeurs. Loin s’en faut même ! À un travail de plus en plus prenant, il faut ajouter l’éducation des enfants et les contraintes ménagères. Au deuxième rang, juste après le temps, il y a l’espace. Tout être humain a besoin pour son équilibre de maintenir un juste rapport entre abandon et envahissement. Seul, trop seul, ce n’est pas bien, mais pas assez seul, sans aucune intimité ce n’est pas bien non plus. Les transports en commun et les conditions de travail en open space tendent à accroître cette sensation d’être perpétuellement envahi. Parfois, les conditions familiales difficiles et les problèmes de logement augmentent encore ce confinement. C’est l’aïeule que l’on recueille sous son toit et qui met sans le vouloir le couple en péril, c’est la surface habitée qui, marché de l’immobilier oblige, est trop restreinte…
Le trop-plein de contraintes
Après l’envahissement par manque de temps et
d’espace arrivent, au troisième rang, les doubles
contraintes qui nous perturbent et nous empêchent
de faire les choix nécessaires. Celles-ci correspondent à ces situations où nous devons choisir entre
deux solutions qui ne nous donnent satisfaction ni
l’une ni l’autre : Si je garde mon boulot, je fais trois
heures de transport et je ne vois plus ma famille
mais si je perds mon travail, je ne paie plus les traites de la
maison et je mets ma famille en danger. Si je ralentis, je risque
de ne plus paraître performant aux yeux de mes supérieurs et
de ne pas accéder à ce nouveau poste mais si je fonce, je m’aperçois
bien que je suis épuisé et inefficace et que je risque
aussi de déplaire à mes supérieurs. J’ai tout faux dans les deux
cas et je rumine. Mon cerveau tourne en boucle, se fatigue et
je n’avance pas. Cet envahissement par la rumination est aussi
très néfaste.
Alerte rouge
Très vite l’épuisement menace. Un grain de sable, un petit tracas
supplémentaire viennent se rajouter et tout déborde. Plus
rien n’est clair et nous ne savons même plus alors ce qui est
bon ou mauvais pour nous. Surtout, nous nous mettons sur le
dos des tâches irréalisables qui aggravent notre planning et notre équilibre. Sur le plan professionnel, c’est le harcèlement moral ou le harcèlement sexuel avec toute son horreur et sa perversité. Sur le plan personnel, c’est la grosse trahison d’amitié ou familiale. Ce peut être aussi la trahison dans le couple et toute la confiance s’écroule. Mais, parfois, c’est le traumatisme psychologique de l’injustice qui fait irruption dans l’existence. Ces situations sont alors vécues comme des viols. Bien sûr il y a le viol physique, crime odieux, mais aussi les viols symboliques comme une blessure d’amitié où cynisme et trahison se combinent.
Redevenir soi-même
La phytothérapie fait partie des méthodes thérapeutiques capables
de nous permettre de retrouver cet état que nous «préconnaissons». Lorsque l’on interroge les gens qui ont eu à
faire à des thérapeutiques lourdes pour sortir d’une dépression
ou d’états d’anxiété, une réflexion revient très souvent : Avec
ces médicaments, je n’étais plus moi-même… À l’inverse, avec
la prise de traitements mieux tolérés et, dans tous les cas avec
la phytothérapie, c’est un autre discours : Enfin je redeviens
moi-même... Redevenir soi-même et non devenir quelqu’un
d’autre…
Docteur Daniel Scimeca*
*Pour en savoir plus, lire :
"Les plantes du bonheur", Docteur Daniel Scimeca,
Éditions Alpen.
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