Et voilà, c'est encore la galère en ce début de journée. Me serais-je levée du pied gauche ? Tout semble se liguer pour cristalliser un retard au travail ; exemple type parmi les exemples types, la voiture refuse de démarrer. Je dis bien refuse car, investie comme objet, elle ne peut qu'être assimilée à un être doué de volonté, donc, fantasmatiquement, elle refuse de démarrer (et non pas moi, vous pensez bien !). S'enchaîne alors le scénario classique ; j'insiste, je noie le moteur et alors là, deux hypothèses : soit téléphoner au travail pour annoncer un retard de quelques minutes le temps que les machins-choses sèchent (je n'ai jamais pu retenir ce dont il s'agit), soit - et c'est plus lourd - c'est la panne, avec l'immobilisation en attendant la venue du mécano. Autre variante, cela peut être le coup de téléphone, alors que je suis sur le point de partir, qui grappille insidieusement les minutées minutes matinales, ou tout autre contretemps, si justement nommé, qui aboutit immanquablement à une réaction en chaîne assurément perturbatrice.
Sigmund Freud a parlé en la circonstance d'actes manqués dont Jacques Lacan dira qu'ils sont un discours réussi. Ces ratés de l'action sont à l'évidence porteurs de sens. Ai-je vraiment envie d'aller à ce travail que j'exerce ?... Ils sont, quoi qu'il en soit et toujours, signes auxquels la cure analytique donne sens pour s'inscrire dans un engagement une fois la formation de compromis désinvestie, le transfert ayant été résolu.
Bernadette Farrugia