|
La psycho
dans Signes & sens
C’est quoi un adolescent
qui va bien ?
|
Les questions légitimes que se pose tout parent à propos de cette épineuse période de changement qu’est l’adolescence s’étayent sur des difficultés à évaluer si l’éducation dispensée est la bonne. Comment reconnaître, au travers des multiples comportements de cet adulte en devenir, que la traversée s’effectue sous les meilleurs auspices ?
Pour la psychanalyse, l’adolescence renvoie à la réactivation d’un processus inconscient ayant déjà eu lieu dans l’enfance et que Sigmund Freud nomme complexe d’Œdipe. Françoise Dolto, quant à elle, parle avec humour, lors de ce passage existentiel, de l’advenue d’un complexe du Homard…
Un état de fragilité
L’adolescence ouvre une zone de turbulences dont les prémisses se situent à partir de 12/13 ans et se termine à l’âge de la majorité. Toutefois, si d’un point de vue légal, l’entrée dans l’âge adulte correspond à la 18ème année du jeune homme ou de la jeune fille, la frontière n’est pas aussi nette d’un point de vue psychique. Ne dit-on pas d’ailleurs de certains individus d’âge mûr qu’ils sont restés d’éternels « ados » ? Françoise Dolto, dans son ouvrage « La cause des adolescents », pour montrer l’état de fragilité qui découle de cette transmutation, n’hésite pas à comparer l’adolescent à un homard ou une langouste qui aurait perdu sa coquille et qui se cache sous les rochers le temps d’en sécréter une nouvelle. Il ne faut donc pas s’étonner que la communication parents/adolescent soit moins évidente qu’elle ne l’était par le passé. De nombreuses transformations physiologiques occupent l’esprit du futur adulte et en premier lieu, la maturation des organes génitaux, entraînant la poussée d’une pulsion jusque-là inconnue. D’autre part, l’apparition sur la peau d’acné plus ou moins persistante, alors qu’existe un puissant désir de plaire, complique parfois la situation. Il est normal que des comportements opposants alternent avec un besoin de sécurité. Victor Hugo, pour sa part, faisant allusion à une adolescente, écrit de façon admirable : L’adolescence, les deux crépuscules mêlés, le commencement d’une femme dans le corps d’un enfant…
Le « pas-sage » obligé !
Impossible que la période de l’adolescence soit vécue par les parents comme étant un long fleuve tranquille. Il s’agit de jongler entre permissions à accorder et limites à poser. Pas toujours facile ! Mais ici la notion de responsabilité, ainsi que la libre circulation de la parole, s’avèrent incontournables. Un adolescent qui va bien reste un « ado » qui s’oppose, tout en acceptant – bon gré mal gré – des limites clairement posées par les parents en regard de la loi. Limites qui sont d’ailleurs paradoxalement inconsciemment recherchées. Un jeune qui n’exprime rien ou, à l’inverse, qui transgresse de manière récurrente (drogues, actes délictueux) donne à voir, pour sa part, qu’il a besoin d’être aidé par un spécialiste. La consultation d’un psychanalyste est, dans ce cas, fortement recommandée et obtient de bons résultats. Mais ces situations extrêmes sont loin de représenter la grande majorité des adolescents. En général, le bon sens des jeunes, associé à la sagesse des parents – qui sont passés par des difficultés similaires en leur temps –, suffit à ce que les tensions de part et d’autre se résolvent de manière naturelle. L’adolescence ne doit pas inquiéter, elle est le « pas-sage » obligé vers la maturité. Mieux vaut une crise d’adolescence en temps et heure qu’une immaturité psychique qui se manifestera à chaque étape périlleuse de la vie d’adulte…
Laure Tardy
|