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La psycho
dans Signes & sens
Chômage, RSA, échecs :
hasard ou fatalité ?
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Dans « Le masochisme moral », Sigmund Freud associe la victimisation à une culpabilité inconsciente. Ainsi le sujet attire-t-il des situations de blocage, souvent dramatiques ; ces situations durent la plupart du temps au point que l'entourage finisse par se rendre compte d'une espèce de pseudo-complaisance dudit sujet vis-à-vis de lui-même... De pareils cas mettent en évidence une autopunition qui limite de plus en plus l'existence, jusqu'à l'invalider quasi totalement.
Mentalités obligent, il est maintenant fréquent de rencontrer des jeunes qui allongent la durée de leurs études car, disent-ils, le marché du travail est saturé… Il ne s'agit là ni plus ni moins que d'un déplacement, au sens freudien du terme. Lorsqu'ils arrêtent enfin leurs études, beaucoup, en effet, n'arrivent pas à s'intégrer dans la vie active !
La légitimité
Intégration ! Ce nom commun est trop souvent utilisé dans un but de modélisation, de conditionnement, comme s'il était question de faire entrer chaque individu dans un même moule, en niant l'unicité de l'être. Cet aspect s’amplifie d'ailleurs avec la mondialisation de l'économie qui tend à gommer la différence d'un sujet à l’autre. Travailler devrait, au contraire, permettre à chacun d'affirmer sa différence, dans un esprit de complémentarité et non de concurrence, mais la rivalité inhérente à l'individu sévit...
Malheureusement, nous nous interrogeons davantage sur ce qu'il convient que sur ce qu'il nous convient de faire. Il est, bien entendu, beaucoup plus facile de projeter ses difficultés sur l’extérieur, la société, la conjoncture, etc, que de provoquer en soi le questionnement qui fera jaillir désir et créativité. Tant que nous resterons dans l’optique d’un Moi idéal, il paraît difficile d’arriver à quitter l'étayage, souvent favorisé par les pouvoirs publics. Il semble donc peu commode de s'individuer, c’est-à-dire de se prendre soi-même en charge. Paradoxalement, la peur de perdre le peu que nous avons pousse à persister dans une conduite d'échec dont il est particulièrement difficile de sortir. Ce processus névrotique favorise la recherche d'une sécurité qui n'est en fait qu'un leurre. Nous attendons de l’État qu'il nous vienne en aide mais que faisons-nous pour nous-mêmes ?
La psychanalyse permet d'intégrer le principe de réalité. Cette discipline rend possible la compréhension que ni le hasard, ni la fatalité ne sont à l'origine des difficultés existentielles et que l'individu est capable de dépasser tout complexe pour réussir sa vie. En outre, cette logique humaine est à la portée de tous car légitime… Ce qui est plutôt une bonne nouvelle…
Catherine Fabretti
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