La psycho
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      La dépression
      à l’heure des neurosciences

      La dépression à l’heure des neurosciences
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      Comment aborder la dépression : comme une maladie ou comme un état d’être à transcender ? Le regard que l’on porte sur la dépression, ou plutôt sur le sujet qui est en souffrance, ne doit-il pas prendre en compte la globalité de l’être ? L’état dépressif ne serait-il pas un symptôme et peut-il être également perçu comme un moyen de structuration, voire d’individuation du sujet ?

      La France est le premier consommateur de médicaments psychotropes : la consommation y est trois fois plus élevée que chez nos voisins européens. Cette médication s’applique le plus souvent à des individus ne souffrant pas de problématiques psychiatriques. Ce chiffre atteindrait plusieurs centaines de milliers de personnes en traitement de longue durée. Les publications parlent d’elles-mêmes : un Français sur quatre a consommé un psychotrope dans les douze derniers mois. Et d’une façon générale, il n’est pas proposé de prise en charge psychothérapeutique.

      Qu’entend-on par psychotrope ?


      Il s’agit d’une substance chimique dont l’action principale se situe au niveau du système nerveux central. Le terme psychotrope comporte une racine grecque, trope, qui se traduit par orientation. Qu’en est-il donc de cette action (consciente ou inconsciente) qui vient ordonner au patient de suivre cette orientation ? La prise de médicament a-t-elle comme fonction de mettre de l’ordre avec, comme injonction, de prendre une unique direction ?
      Les principaux prescripteurs seraient les médecins généralistes à l’origine de près de 80 % des ordonnances. Ces professionnels de la santé sont de plus en plus confrontés au stress au travail, aux problèmes familiaux, aux troubles du sommeil, à l’anxiété, troubles dont l’origine est à la fois psychique et sociétale. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que dans une société où seuls comptent la compétitivité et le rendement, l’individu en perte de repères puisse rapidement se sentir mis au ban d’une norme collective, engendrant ainsi son propre mal-être et recherchant de fait une solution efficace et ce, dans l’urgence. Les psychotropes s’inscrivent dans ce contexte, entretenant une sorte de confusion entre stupéfiants autorisés et illicites. Le recours aux stupéfiants, psychotropes illégaux ou soumis à règlementation, selon la définition qu’en donne l’ONU, pose la question de l’ambivalence entre la notion de drogue et celle de médicament, ainsi qu’une difficile identification de frontière entre les deux. La définition du petit Robert du mot stupéfiant étant une substance toxique qui agit sur le système nerveux en provoquant un effet analgésique, narcotique ou euphorisant dont l’usage répété entraîne une accoutumance et une dépendance contribue à entretenir le dilemme. Mais avec son ça ne va pas Docteur en ce moment, le patient dépressif confronte, quoi qu’il en soit, le médecin à un état psychique délicat à prendre en charge, pouvant le mettre en échec dans sa fonction de soignant. La prescription reste donc la réponse à l’urgence du mal-être même s’il est connu que tout psychotrope, légal ou non, conserve son effet hallucinatoire, voire fantasmatique.

      L’industrie pharmaceutique


      Hélas, rien de nouveau sous le soleil thérapeutique : les psychotropes semblent briller de leurs pâles lumières sur la dépression. L’industrie pharmaceutique est venue s’immiscer dans le domaine de la psychiatrie dans les années 70. Ainsi la dépression d’un individu pourrait-elle « s’originer » dans ses neurones. Une position qui pose un déni sur une source extérieure de la dépression : deuil, problèmes au travail et/ou dans la famille…, de même que toute origine inconsciente. Le problème venant des gènes ou des neurones, la dépression serait à traiter comme une maladie parmi tant d’autres. Et le nombre toujours croissant de prescriptions a mis en œuvre une véritable médicalisation de ce fléau. Bien entendu, seule importe la dimension du patient/client et non du sujet avec, comme unique thérapeutique, les produits pharmaceutiques. Le terme usager, comme se plaît à nommer le patient le monde médico-social, en dit long sur ce sujet usagé, usé, qui ne serait donc plus apte à se prendre en charge lui-même.

      La place du sujet


      La question que l’on peut alors se poser, ne serait-elle pas celle de la singularité du sujet face à la maladie, face à la dépression ? La place des psy, et plus précisément celle des psychanalystes, ne constituerait-elle pas un bouclier dans une société où la conception de sujet tend à être mise au second plan, quand elle n’est pas déniée ? La psychanalyse pose la question différemment, en ce sens qu’elle n’envisage pas une cause à la dépression. Elle souligne la singularité de chaque patient. Ainsi le courant psychanalytique invite-t-il à poser un regard nouveau sur la conception même du sujet face à la dépression. Le psychanalyste Pierre Fédida fait part d’une théorie selon laquelle il distingue la dépressivité, inhérente à la vie psychique, jouant un rôle de régulation, voire de protection, de l’état déprimé, état qui manifeste une sorte d’identification inconsciente à la mort ou à un mort. Il ouvre ainsi une clinique certes encore expérimentale mais qui contribue à avancer un peu plus dans la compréhension des phénomènes de la dépression. La cure analytique permet ainsi de percevoir la dépression comme secondaire à des situations de séparation, de désunion ou de deuil. La dépression assure aussi une défense douloureuse. Elle restitue en quelque sorte un équilibre des changements intérieurs, signalant en fait une forme de tension interne qui semble questionner l’existentiel. Nous nous construisons sur des pertes et des séparations et notre capacité à intégrer ces manques.

      Une régression


      La dépression amène le patient à régresser, le poussant ainsi à revivre des stades de développement où il pense être abandonné, voire exclu. Cette régression est une forme de frustration engendrée par la séparation graduelle de la mère et provoque chez le bébé des réactions de colère. L’angoisse et la dépression qui s’ensuivent surviennent lors de la séparation. Dans le deuil par exemple, pour pallier cette angoisse, l’individu va mettre à l’intérieur de lui l’objet (le plus archaïque, la mère), pour tenter de se réconforter. Mais une difficulté apparaît, celle de la confusion identitaire entre lui-même et cet autre qu’il a introjecté. La psychanalyse connaît bien ce processus, notamment avec le concept d’introjection du mort. En absorbant inconsciemment le mort, l’enfant fantasme échapper à sa propre mort, croyant ainsi se défendre. Mais, progressivement, cette introjection du mort va devenir négative et l’enfant va se sentir persécuté. Dans le cas de la dépression, cette persécution de la personne défunte ne passe pas. Nous rejoignons en ce point la pensée de Fédida. Pour lui, la dépression est cette fascination pour un état mort qui serait la seule alternative de demeurer en vie, dans un état psychique proche d’une forme inanimée. Pour pouvoir traverser cette période, le patient va avoir besoin d’étayage et de soutien.

      La spécificité de la cure


      Il n’y a pas de dépression, il y a un sujet qui souffre de dépression et qui le verbalise. La cure psychanalytique doit, bien entendu, prendre en compte la posture psychique spécifique du patient déprimé, c’est-à-dire un sujet qui s’inscrit dans la perte. Les premiers temps de la cure doivent permettre à l’analysant de pouvoir se sentir étayé, afin de lui suggérer de retrouver un narcissisme fort. Ce besoin supplémentaire de soutien est utile également pour lui faire acquérir un sentiment de sécurité nécessaire pour qu’il puisse s’inscrire dans un principe de réalité. Il ne s’agit pas cependant de porter l’analysant mais il faut poser des bases à un sentiment de sécurité. En effet, le sentiment d’insécurité peut amener l’analysant à rester sur un principe de plaisir ou, plus exactement, sur une certaine forme de déni de la réalité. Cet état peut être renforcé si le patient prend des antidépresseurs.

      La société


      À l’heure des neurosciences et de l’impact toujours grandissant des découvertes de l’industrie pharmaceutique, il est important de noter que la dépression relève bien de la psychanalyse. Elle forme ce que Jacques Lacan, en 1938, a appelé la grande névrose contemporaine. Névrose qui enferme le sujet, disait-il, dans l’impuissance et l’utopie. La peur de la perte, peur du manque, est peut-être ce qui caractérise le mieux notre société. Nous sommes à l’ère illusoire du zéro risque, accident zéro… La sphère que dessine ce zéro en dit long sur cette angoisse de séparation et de castration qui sévit dans nos sociétés aseptisées. Cette aseptisation se rencontre également envers la mort, le mourant et le vieillard, lesquels sont mis à l’écart. La dépression au lieu de venir s’inscrire dans un processus humain est, elle aussi, au plus vite mise de côté, cachée tout du moins par un pansement chimique. Dès lors, la dépression n’est pas une maladie mais la maladie humaine de la modernité. Être déprimé ou compétitif, telle devient la question…

       

      Dominique Séjalon

       

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