S’il est une problématique qui interpelle tout parent, c’est bien de savoir comment se positionner pour aider au mieux ses enfants face au travail scolaire à la maison. Marie-Claude Béliveau*, orthopédagogue et psycho-éducatrice, lève le voile en répondant à quelques questions essentielles…
Que faire pour que les devoirs et les leçons ne dégénèrent pas ?
En premier lieu, il importe d’éviter les conflits, de ne pas permettre que le moment des travaux scolaires devienne un véritable champ de bataille. La seule façon d’y arriver consiste à redonner une bonne part du pouvoir à l’enfant en l’encourageant à prendre ses responsabilités. L’heure de ces travaux scolaires ne doit pas devenir un cauchemar qui perturbe les relations familiales. Le rôle des parents est surtout de mettre en place des conditions favorables à la bonne marche des devoirs à la maison. L’ambiance qui règne autour de cette période a un effet immédiat sur le plaisir que vit l’enfant et, par conséquent, sur sa motivation, sa concentration, sa mémoire, ses capacités de compréhension, sa confiance en lui.
Comment entretenir le plaisir d’apprendre chez l’écolier ?
En général, tous les jeunes enfants ressentent du plaisir à apprendre. Mais il arrive qu’il s’étiole au fil des ans, parfois parce qu’ils ont de réelles difficultés d’apprentissage, mais parfois aussi à cause de l’attitude de certains parents qui poussent constamment l’enfant à en faire plus ou qui l’étouffent en voulant tout contrôler ou qui devancent trop souvent ses désirs. Les parents doivent avoir une juste compréhension du rôle qu’ils jouent auprès de l’enfant durant les devoirs. Ils ont un rôle à jouer beaucoup plus large que celui de faire répéter les leçons. Ils aident à ouvrir ses horizons, à utiliser le quotidien pour apprendre à se connaître, à se débrouiller, à se dépasser et à apprendre. L’objectif n’est pas tant que les devoirs soient faits et que les leçons soient sues, bien que cela aussi soit important, mais c’est de faire en sorte que la qualité de l’engagement de l’enfant à l’école permette des apprentissages qui deviendront signifiants au point que les devoirs et les leçons puissent se faire spontanément.
Mon enfant a beaucoup de difficultés à l’école et dans son travail scolaire à la maison. Comment savoir s’il a un trouble d’apprentissage ?
Sans entrer dans la définition des troubles d’apprentissage sous leurs différentes formes, il est quand même possible de relever certains signes qui vous aideront à reconnaître la présence de troubles d’apprentissage chez votre enfant.
● Il semble intelligent mais il éprouve de grandes difficultés dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture ou des mathématiques.
● Il a du mal à acquérir les rudiments de la langue écrite.
● Il a du mal à s’organiser devant une tâche à accomplir.
● Il a du mal à apprendre le nom des lettres et de certains nombres.
● Il inverse plusieurs lettres, syllabes ou chiffres ou la séquence des lettres dans les mots.
● Il a du mal à se souvenir de l’orthographe des mots.
Si vous retrouvez quelques-uns de ces signes chez votre enfant et s’ils persistent, il vous faut consulter pour en avoir le cœur net. Cette notion de persistance du problème permet de distinguer les troubles d’apprentissage de difficultés qui, par définition, ne sont que passagères. La meilleure façon de préciser le problème en cause et d’intervenir efficacement, c’est de procéder à une évaluation multidisciplinaire (médecin, psychologue, orthopédagogue, orthophoniste, audiologiste, etc.). Ce type d’évaluation ne requiert pas l’intervention de tous ces professionnels mais de ceux qu’il est le plus pertinent d’interpeller selon les symptômes présents chez l’enfant. Par la suite, un plan d’intervention concerté pourra être mis en place autour de ses besoins véritables.
Ma fille de 12 ans étudie très peu à la maison, prétextant qu’elle a tout le temps qu’il faut à l’école pour le faire. Devrais-je l’obliger à réviser ?
Beaucoup de jeunes ne font pas leurs devoirs à la maison, certains professeurs donnant effectivement du temps aux élèves à l’école pour étudier. Il est possible que ce soit le cas dans la classe de votre fille et que cette période lui suffise pour terminer son travail scolaire. Elle fait probablement ce qui lui est demandé et vous pouvez sans doute lui faire confiance. De façon générale, les parents ne parviennent pas à obliger un ado à étudier s’il ne veut pas. En effet, les adolescents s’opposent là où on est le plus exigeant envers eux et la maison risque de se transformer en champ de bataille au moment des devoirs et des leçons. Si vous ne pouvez pas forcer votre fille à étudier, vous pouvez en revanche l’amener à réfléchir. Demandez-lui si elle connaît bien ses dates d’examen, dans quelle matière elle est la plus faible, comment elle réagirait si on l’aidait à réviser 15 minutes par jour ? Faites-lui prendre conscience qu’en étudiant un peu à la maison, elle serait en mesure de vérifier l’état de ses connaissances et de s’assurer qu’elle a bien compris le programme. Vous devez lui faire des suggestions et non lui imposer des façons de faire pour éviter qu’elle se braque. L’idée est de l’inciter à travailler, mais la décision doit reposer sur sa propre réflexion et non sur votre exigence. Au cours de l’année, à la lecture du bulletin, vous pourrez vérifier ensemble si sa méthode de travail est la bonne. En cas de notes insuffisantes ou d’échec dans une matière, vous pourrez lui montrer que, contrairement à son impression, le temps réservé pour ses études à l’école n’est pas assez long ou productif. À ce moment-là, vous pourrez lui proposer de consacrer une demi-heure chaque soir au travail scolaire. Laissez-la choisir elle-même le créneau horaire qui lui convient le mieux, avant ou après le repas. De votre côté, vous imposez la durée mais c’est votre fille qui décide du contenu de cette demi-heure. Elle pourra aussi bien étudier ses leçons qu’avancer une recherche ou lire. L’essentiel est de réserver du temps pour l’école, sans que cela ne devienne une source de conflit à la maison.
Marie-Claude Béliveau*
*Pour en savoir plus, lire :
« Les devoirs et les leçons »
Éditions CHU Sainte-Justine
Le saviez-vous ?
Rester ni trop près, ni trop loin : voilà l’équilibre vers lequel il faut tendre comme parents, dans le domaine scolaire comme partout ailleurs, quand il est question de permettre à un enfant de grandir dans un climat propice à son plein épanouissement… La tâche des parents est complémentaire de celle de l’enseignant. Toutefois, ils ne doivent en aucun cas se substituer à lui. L’écolier a autant besoin de bons enseignants que de parents capables de l’épauler et d’enrichir sa démarche en la prolongeant dans la vie quotidienne.
