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La psycho
dans Signes & sens
Il est une question qui nous préoccupe, nous parents, c’est celle de savoir si nous faisons bien face au travail scolaire de nos petites têtes blondes. Et ce, notamment, pendant ces périodes où elles ne sont pas à l’école…
Vacances renvoie au terme vacuité que nous avons tôt fait de confondre avec vide, comme s’il fallait à tout prix remplir ce temps laissé libre. Les devoirs de vacances peuvent rassurer, à condition qu’ils aient leur sens en fonction de critères propres à chaque situation. Aussi, les psys n’y sont ni favorables, ni opposés. Le tout est de voir comment ne pas risquer la confusion. Quelques-uns d’entre eux ont accepté de donner leur point de vue.
• Martine, psychologue scolaire :
Le rôle des parents
« Chacun sa place. Si l’enseignant est un professionnel missionné pour une tâche bien précise, celle de transmettre certaines connaissances adaptées à la classe d’âge de votre enfant-élève, le rôle des parents est tout autre. Il consiste à accompagner sa progéniture au quotidien, surtout lorsqu’elle est en vacances. Ce n’est pas parce que celle-ci aura tendance à s’ennuyer qu’il faudra automatiquement lui proposer des devoirs de vacances. Une simple conversation suffit parfois à relancer une dynamique. Évidemment, les choses seront plus simples si les parents sont eux-mêmes en congé. Dans le cas contraire, les centres de loisirs peuvent pallier la non-disponibilité. Enfin les devoirs de vacances peuvent être une bonne manière d’entretenir les acquis à condition que les adultes ne se transforment
pas en professeur ! »
• Christèle, psychologue de la petite enfance :
Le sens des vacances scolaires
« Les congés scolaires ne sont pas à confondre avec congés professionnels. L’élève est avant tout un enfant ou un ado en période de développement. Il ne travaille pas pour gagner sa vie car il n’a pas, par définition, encore la maturité de le faire. C’est justement une grande victoire sociale que d’avoir interdit en son temps l’exploitation du travail des enfants. Il faut savoir que les apprentissages demandent une dépense d’énergie psychique. Et c’est justement le sens des vacances scolaires de permettre de refaire le plein de cette énergie en privilégiant la fonction affective, ludique, si importante pour un psychisme d’enfant. Certains cahiers de vacances, élaborés justement d’une façon colorée, peuvent aller dans ce sens. Il est toutefois essentiel que l’enfant se l’approprie comme une activité de plaisir et non comme une corvée. »
• Philippe, psychopédagogue :
L’élève en difficulté
« La difficulté scolaire a de multiples causes. Lors de mes interventions auprès d’élèves en difficulté, je suis beaucoup plus interpellé par l’angoisse des parents que par celle de l’élève lui-même. L’acharnement pédagogique cache souvent un conflit entre un idéal et une réalité qui n’est pas à la hauteur de cet idéal. Mon travail consiste à dédramatiser la scolarité. Les devoirs de vacances ? Pourquoi pas, à condition que ce ne soit pas vécu comme une punition. »
• Hugo, psychanalyste :
Aucune obligation
« Il faut savoir que nous avons, en tant qu’adulte ex-écolier, une histoire que nous avons tendance à vouloir réparer au travers de nos enfants. Et cela en toute bonne foi. Je ne veux pas que Kévin connaisse les mêmes déboires que moi, confie ce papa qui fait certainement ce qu’il peut en achetant des cahiers de vacances – au demeurant très bien faits – pensant ainsi améliorer les résultats scolaires peu satisfaisants de son fils. C’est une démarche tout à fait louable, à condition que son enfant soit partie prenante. Et surtout qu’il n’y ait aucune obligation à remplir lesdits cahiers. À moins que ce papa prenne plaisir à les remplir lui-même ! »
Propos recueillis par Isabelle Mollard
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