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La psycho
dans Signes & sens
En finir
avec le syndrome de Tarzan |
Avez-vous remarqué que votre amour grandit jour après jour pour vos enfants et vos amis, alors qu’il suit le processus inverse dans le cas de la personne qui partage votre vie ? Comme pour le permis de conduire, au fil du temps, vous lui enlevez des points, quand ce n’est pas l’autre qui vous en enlève, pour mauvaise conduite. Vient alors la dégringolade lente et souffrante. Et quand, au bout du compte, vous les lui avez tous retirés, au lieu de vous sauver, vous laissez ce chauffard vous écraser ! Masochisme ou dépendance affective?
Le couple est en péril, menacé par toutes sortes de croyances limitantes que nos aïeux nous ont « vendues » : au début, c’est la passion, puis l’habitude. Vient ensuite l’usure et, pour les plus courageux, la rupture. C’est d’autant plus courageux que vous pensez votre prochaine relation vouée au même cycle. Faut-il aimer… souffrir ? Dès que les points commencent à diminuer, vous jalonnez le parcours de sacrifices, compromis et autres concessions. Commence alors le bras de fer pour déterminer qui se soumettra, désignant ainsi le grand perdant. Perdant systématique car vous prenez l’habitude de perdre, autant que l’autre de gagner. C’est normal puisque vous êtes persuadé que dans le couple, il y en a toujours un qui aime plus que l’autre et un qui domine. Eh bien c’est faux : chez les couples « affectivement équilibrés » et donc heureux, point de domination ; ils s’aiment autant et prennent des décisions « gagnant/gagnant » dans lesquelles personne ne « se sacrifie » car chacun trouve son confort, dans le plaisir de faire plaisir.
Le syndrome de Tarzan
Si votre couple ne vous comble pas et que vous restez là, à pleurer sur les points envolés, peut-être êtes-vous, tout simplement, adepte de Tarzan ? Pour être heureux, la bonne idée c’est aimer et être aimé. Fonctionner sur le principe qu’aimer c’est souffrir manifeste votre dépendance affective, que j’ai affectueusement nommée « syndrome de Tarzan ». Vous restez agrippé à votre liane qui ne vous convient pas ou vous vous balancez compulsivement d’une liane à l’autre, par peur de tomber dans le vide… affectif. Tout et n’importe qui plutôt que la solitude. Mal accompagné, plutôt que seul. Vous avez certes besoin d’affection, comme chaque être humain. Cependant, le problème survient quand vous en dépendez, prêt à tout pour en avoir, tel un drogué en manque agrippé à son fournisseur. Pourquoi cette compulsion jamais rassasiée à l’affection et la reconnaissance ? Parce que vos parents n’ont pu vous en donner, pris eux-mêmes dans cette quête insatisfaite. Cette image erronée des relations affectives imprègne vos comportements, la reproduisant dans votre vie de couple. Plus vous êtes en demande, moins vous recevez. Cette carence affective peut tuer : certains se suicident parce que l’autre est parti ou éliminent le rival dans un moment de folie. D’autres souffriront toute leur vie, névrotiquement attachés à celui ou celle qui les humilie, incapables de partir. Puis, pour finir, ceux qui ferment la porte à la vie de couple, le cœur sanglant qui ne cicatrisera jamais.
Un mauvais plan
Si vous êtes très heureux en ménage, il est temps pour vous de comprendre pourquoi. En revanche, pris dans un « mauvais couple », soyez indulgent envers vous-même : le malheur ne se mérite pas. Vous avez simplement été programmé pour tomber dans le piège. Qui se déprogramme ! Et si vous n’êtes pas responsable de vos mauvaises programmations, vous êtes, en revanche, responsable de ne pas les déprogrammer quand vous en avez pris conscience. C’est fait ? Passons à l’action. Vos parents auraient dû vous aider à développer votre estime et votre confiance. C’est aujourd’hui à vous de le faire pour intégrer que vous êtes quelqu’un de bien qui mérite le bonheur seul(e), puis à deux. Une fois débarrassé(e) de l’adepte de Tarzan qui vous encombrait, votre équilibre affectif retrouvé, la première personne qu’il vous faut rencontrer, c’est vous ! Vous aimant et vous respectant, célibataire épanoui(e), vous croiserez alors quelqu’un d’heureux aussi. Gardez bien ce qui suit présent à l’esprit :
- Une personne heureuse + une personne malheureuse = 2 personnes malheureuses
- Une personne heureuse + une personne heureuse = un couple heureux.
Dans un couple heureux, les points se multiplient !
Chez les couples heureux, les points s’ajoutent, voire même se multiplient avec le temps qui passe, développant l’amour, la complicité et la force de la relation. Leur secret ? Chacun s’aime et se respecte avant de le faire pour l’autre. Ils ne cherchent pas une béquille mais un partenaire de vie qui a confiance en lui. Quand votre message subliminal crie « Je ne m’aime pas. Veux-tu m’aimer ? », objectivant vos blessures du passé, vous attirez ce que vous êtes : une autre personne blessée. Comprenez que vous ne pouvez être le psy de votre futur conjoint : c’est un métier ! Les psys eux-mêmes envoient leur « moitié » consulter un confrère. Si vous trouvez un ours blessé dans la forêt, au lieu de vous approcher au risque de vous faire attaquer, vous appelez les services vétérinaires. Dans le cas d’un humain, la blessure est parfois plus difficile à déceler. Cependant, quand elle vous saute au nez, sauvez-vous au lieu de vouloir le sauver. Sinon, vous coulerez avec…
Pascale Piquet*
*Pour en savoir plus, lire :
« Le syndrome de Tarzan »,
Béliveau éditeur
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