La psycho
      dans Signes & sens

      La paranoïa

      La paranoïa
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      Écoutez ce que je ne vous dis pas,
      je vous en prie...

      Ne soyez pas trompé par mon visage car je porte mille masques
      Et aucun n’est mon vrai moi.
      N’en soyez pas trompé, au Nom de Dieu je vous en prie.
      Je vous donne l’impression d’être sûr de moi,
      Plein de confiance et de tranquillité,
      Que je n’ai besoin de personne. Ne me croyez pas.
      Sous ce masque il y a le vrai moi confus, craintif, isolé.
      C’est pour cela que je me construis un masque pour me cacher,
      Pour me protéger du regard qui voit,
      Et pourtant ce regard est précisément mon salut.
      À condition que je l’accepte, s’il contient de l’amour,
      C’est la seule chose qui peut me libérer
      Des murs de la prison que j’ai moi-même élevés.
      J’ai peur de ne valoir rien, de n’être bon à rien,
      Et que vous le verrez et me rejetterez.
      Alors commence la parade des masques.
      Je bavarde avec vous,
      Je vous dis tout ce qui n’est rien,
      Et rien de ce qui m’est tout et qui pleure en moi.
      S’il vous plaît, écoutez-moi soigneusement et essayez d’entendre ce que je ne vous dis pas.
      J’ai vraiment envie d’être sincère, vrai, spontané, d’être moi-même.
      Mais il faut que vous m’aidiez.
      Il faut que vous me tendiez la main.
      Chaque fois que vous êtes bienveillant, doux et encourageant,
      Chaque fois que vous vous efforcez de comprendre par véritable intérêt.
      Mon cœur a des ailes, des ailes très faibles, mais enfin des ailes.
      Par votre sensitivité, votre sympathie, votre puissance de compréhension,
      Vous seul pouvez me libérer de l’ombre de mon incertitude,
      De ma prison solitaire.
      Cela n’est pas facile pour vous
      Car plus vous m’approchez
      Plus je me défends.
      Mais on me dit que l’amour est plus fort que les murs des prisons,
      C’est en ceci qu’est mon espoir, mon seul espoir.
      Essayez, je vous en prie de faire tomber ces murs d’une main ferme
      Mais douce, car un enfant est sensitif
      Qui suis-je, vous demandez-vous ?
      Je suis quelqu’un que vous connaissez très bien,
      Car je suis chaque homme, je suis chaque femme que vous rencontrez,
      Et je suis aussi vous-même.

       

      Auteur inconnu

       

       

      De la difficulté à nommer la paranoïa 

      Il peut exister mille raisons, analytiques ou pas, d’éviter de signer un article, tel cet « auteur inconnu » dont j’ai choisi de vous livrer le texte : il résume toute l’ampleur de la détresse de l’être humain et une certaine plainte de l’analysant dès la première rencontre, lors de l’entretien préliminaire.

      Ce texte introduit déjà avec un titre évocateur la supplique inconsciente liée à la charge névrotique du non-dit et dès le premier vers, l’angoisse d’une trahison implicite jaillit. Faut-il qu’il se soit fantasmé trahi pour projeter d’emblée la trace mnésique d’une « scène originaire », appelée encore « scène primitive », primitive au point de renvoyer aux masques tribaux. Freud, dans « Totem et tabou », triangule la relation qui existe entre l’enfant, le primitif et le névrosé, tout comme il établit la comparaison entre névrose obsessionnelle et tabous et de tabous au « Nom du Père », il n’y a qu’un cap franchi aisément par ce cher auteur inconnu. Il impose rapidement une forme paranoïde utilisant pour cela la plus grande des habiletés qui consiste, à l’aide d’un procédé rhétorico-linguistique des plus affinés, à se classer dans une « case » narcissisante à souhait. Ce processus introduit le plus grand des mécanismes de défense de l’analysant adressé à l’analyste : il reste dans l’obscurité coûte que coûte, tout en donnant l’impression du contraire au nom d’une pseudo-lucidité.

      Le choix de l’hallucination


      La suite de la lecture et l’observation de ce texte confirment ce procédé classique qui, en fait, cache le désir de mettre en échec « la supposée connaissance ». L’inconscient de notre auteur inconnu cherche à garder le contrôle jusqu’au bout de son discours réducteur, en jouissant d’assimiler l’autre à soi, confusion des plus orales puisque pour l’oral, l’autre c’est lui. L’oral ne connaît pas la distance et il ne peut la saisir, ni supporter la différence. Il devra lutter contre la plus grande des évidences qui repose sur la plus pure des « des illusions » : l’autre existe ! Et c’est bien là toute la difficulté du paranoïaque qui nie la fonction paternelle, fuyant en permanence le principe de réalité. Le réel va le plonger dans un état de panique tel qu’il choisira l’hallucination contre toute cohésion.

      Qu’est-ce qu’un paranoïaque ?


      La personnalité paranoïaque est une organisation reconnue psychotique mais la psychanalyse ne s’enferme pas dans des classifications nosographiques. Elle désire surtout mettre en exergue l’origine du mécanisme psychique. Cependant, les profils paranoïaques se ressemblent, c’est une évidence, et les dénominateurs communs principaux peuvent se résumer ainsi :
      - Caractère suspicieux, autrui étant perçu dangereux, hostile, méprisant, dédaigneux.
      - Jalousie exacerbée.
      - Démesure et orgueil.
      L’orgueil peut d’ailleurs être « masqué » par une négation de la personnalité, entraînant une dévalorisation de soi (et de l’autre), avec autoanalyse incessante. Cet aspect de type dit « sensitif » ramène au profil de cet auteur inconnu, fréquemment rencontré en cure analytique sous forme de caractère dépressif. Il est à noter que la paranoïa n’entraîne pas systématiquement un délire et constitue avant tout un déni de l’homosexualité dont l’inconscient va chercher à se débarrasser par le biais de projections. Pour Melanie Klein, l’état psychotique, et notamment paranoïaque, est à l’origine chez tout individu. Cette position dite « primitive » est appelée par elle « paranoïde schizoïde » car l’inconscient de l’enfant va cliver la mère en bon et mauvais objet, clivage entraînant un aspect persécutif.

      « Totem et tabou »


      Réintroduire à ce stade « Totem et tabou » semble logique puisque pour Sigmund Freud « l’homme primitif est poussé à remplacer les lois naturelles par les lois psychologiques ». Et puisque Freud parle de « magie imitative », puis-je me hasarder à induire que la paranoïa a donné naissance par « magie imitative » à la psychanalyse et une réponse affirmative renvoie-t-elle à la possibilité que le psychanalyste est « parano » ? Pour l’analysant, au travers du jeu du miroir, c’est certain. Mais selon les « théories nominalistes », force est de constater qu’il est important depuis toujours pour les filiations de se distinguer les unes des autres par besoin uniquement pratique. Et pourtant, l’origine de ces filiations est souvent perdue, oubliée. Mais finalement, est-ce si important pour l’intégrité du genre humain ?
      Ce texte, « Écoutez ce que je ne dis pas », pose le problème d’une part de la liberté, d’autre part de la difficulté du métier de psychanalyste au nom de cette liberté. Que doit-on écouter en séance analytique ? Ce que l’analysant ne nomme pas, soit ce qu’il ne peut nommer, et ce qu’il ne peut pas nommer ne peut être dit. C’est donc de l’ordre de l’interdit et l’interdit ramène aux tabous… Tabou est un mot polynésien dit Freud, dont la traduction présente pour nous des difficultés, parce que nous ne possédons plus la notion qu’il désigne. De toute façon, les tabous ont existé chez les primitifs qui redoutaient les démons. Cette angoisse perdure en quelque sorte dans une société où celui qui est fantasmé différent inquiète. D’ailleurs, ce qui est de l’ordre du contact, dans un siècle dit de communication, semble faire peur au point que le monde démontre son haptophobie sous couvert de modernisme : phobie du toucher, phobie du contact, phobie de l’oralité et de fait, lorsqu’un homme politique, religieux ou autre célébrité s’exprime, tout est disséqué, « lasérisé », attaqué, décortiqué, analysé…

      « Mon cher auteur inconnu »


      C’est pour le moins inquiétant et je commence à comprendre « mon cher auteur inconnu » auquel je pourrais choisir de m’identifier en ne signant pas cet article ! Est-ce un reliquat de parano qui surgirait tout à coup ou quelque héritage transgénérationnel psychotique qui filtrerait ou s’infiltrerait pernicieusement ? Il n’est pas question à ce stade de lancer justifications et rationalisations mais juste est cependant de conclure que « masquer » mon nom, me dérober, reviendrait à signifier qu’analyser c’est s’exposer non pas au travers d’une identité « patronymique » et sociale mais au travers d’une rencontre singulière : la rencontre du « dire » et du « ne pas dire » afin que le « faire » puisse jaillir. Or, le paranoïaque a du mal à faire car s’exposer constitue pour lui le plus grand des dangers.

      Le principe de l’interprétation


      Freud assure que tous les témoignages coïncident : Les primitifs ont réellement accompli ce qu’ils avaient l’intention d’accomplir. L’essentiel est donc de penser pour agir et surtout, de penser et d’agir – ce que fait le psychanalyste –, l’interprétation constituant l’aboutissement d’une « réflexion », à tous les sens du terme. L’interprétation dans la cure relève de l’art car elle peut, elle aussi, réveiller des démons fatals aux tendances paranoïaques mais elle est présente dès les balbutiements de la méthode analytique. Toujours par association d’idées, souvenons-nous que Freud a noté les rapports entre les interprétations données par le paranoïaque qui analyse son existence au travers des superstitions et le principe de l’interprétation. Il écrit : La lucidité dont le paranoïaque fait preuve envers autrui a pour contre-partie une méconnaissance foncière de son propre inconscient. Car pour le paranoïaque tout doit être interprété.

      Cher auteur, votre texte, entre autres mérites, a eu celui de me pousser à une sorte d’ « acting-out » et pour ma part et même si l’expression ici nommée demeure ambivalente, elle se veut concluante car j’aimerais que le monde entende ce qui n’est jamais dit…

       

      Chantal Calatayud

       

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