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La psycho
dans Signes & sens
Le temps et l’autorité à l’école
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La croyance religieuse est une autorité provenant du passé-tradition. La croyance politique est jusqu’à maintenant l’autorité à l’égard de l’avenir, du progrès. Le moment post-moderne révèle une autorité qui provient du présent. Face à un amenuisement de ses points de repères, l’école est un repoussoir. Elle se trouve en incapacité de créer du lien social. Celui-ci se construit en dehors des instances traditionnelles. La notion de réseau, de connexion perpétuelle, insiste sur l’instantanéité des relations sociales, sur l’utilisation d’interfaces, de codes de protection qui fondent les phénomènes identitaires. Les rôles soulignés sur la scène publique définissent des catégories d’appartenance et de politiques de reconnaissance intrinsèques au groupe : télécharger par ADSL (la connexion haut débit), surfer sur le net… Ainsi, la rapidité de circulation de l’information, le zapping organisé, les mises en attente, un classement personnalisé des priorités, définissent les nouveaux repères du temps. Le téléchargement des connaissances est une quasi demande qui invite l’élève à se positionner comme consommateur. L’école, comme distributeur de connaissances, neutralise l’autorité du professeur simultanément à l’orchestration d’un gommage des aspérités. De même, les forums de discussions sont des foires d’empoignes, comme une manière de biaiser ou de tuer le temps. Les cours peuvent débuter sur cette quête de joute verbale où le professeur est invité à se positionner comme participant, voire comme arbitre. L’urgence verbale, l’échange d’idées communément admises, attisent les conversations à bâtons rompus. La salle de classe peut alors rapidement prendre les atours d’un déversoir d’expériences vues, vécues… Le professeur, de peur de se laisser prendre au jeu, use et abuse du pouvoir.
Christelle Lamour
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