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La psycho
dans Signes & sens
Entendre le langage de l’autre
pour le meilleur !
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« Il n’y a pas de malentendus, i n’y a que des malentendants ! ». Cette affirmation du psychanalyste Jacques Lacan se passe de commentaires. Cependant, elle induit qu’il est possible d’améliorer notre système de communication, trop souvent source de conflits. Un autre Jacques, Salomé celui-là, milite depuis des années pour une « écologie relationnelle » au travers d’une littérature à succès. Apprendre à écouter, à tendre l’oreille, reste effectivement la meilleure planche de salut dans une société où tout s’accélère, où on ne prend plus le temps de se poser pour accueillir oralement son prochain…
Les cabinets de psys sont remplis de patients se plaignant le plus souvent d’être incompris de leur entourage. Curieux paradoxe à une époque où les moyens de communication atteignent un niveau technologique hallucinant. Il est possible aujourd’hui de téléphoner des heures gratuitement, d’envoyer un mail qui sera lu dans la seconde qui suit, de chatter jour et nuit avec des dizaines d’intervenants. Si la quantité de relations a augmenté de façon exponentielle, il n’est pas sûr que la qualité soit au rendez-vous. Il suffit de fréquenter un tant soit peu les réseaux sociaux du Web pour y constater beaucoup d’intolérance.
Une nécessité humanisante
Le titre de l’ouvrage de Jacques Salomé, « Parle-moi j’ai des choses à te dire », induit cette nécessité d’entendre autrui pour pouvoir à son tour s’exprimer. Au passage, il est intéressant de noter la souffrance de ces patients consultant des pseudo spécialistes de l’inconscient ayant la particularité de rester muets du début à la fin de la séance ! Inutile de préciser qu’il s’agit là d’une dérive condamnable de la pratique freudienne, l’interprétation faisant partie intégrante de cette discipline. Cette parenthèse étant close, revenons à ce qui différencie l’Homme de l’animal : le langage. Même les religions sont d’accord sur ce point en affirmant qu’« Au commencement était le Verbe » (pour l’Occident) ou que le monde est issu du OM primordial (pour l’Orient). Quant aux sciences humaines, la découverte de Victor de l’Aveyron, un enfant sauvage, a confirmé qu’une absence de relation langagière dès le plus jeune âge avait des conséquences indélébiles pour le petit d’Homme. Malgré la persévérance pédagogique du docteur Itard, l’enfant ne put accéder à une véritable autonomie…
L’installation de la confusion
Si le langage est vital, il peut aussi devenir mortifère au point que de fâcheux passages à l’acte peuvent lui succéder : les coups le remplacent avec ses cortèges de malheur. L’humain est ainsi fait qu’il déclare la guerre depuis la nuit des temps à son semblable, n’acceptant pas sa différence, c’est-à-dire ce qui n’est pas lui. Le mythe de la Tour de Babel avec la confusion des langues, malédiction divine, signe l’incompréhension et ce refus d’« entente » avec un autre. Le langage est très explicite sur ce point : « On ne s’entend plus ! », affirment les membres d’un couple qui, après s’être aimés, ne peuvent plus communiquer que par l’intermédiaire de leur avocat respectif. Et s’il était possible d’entendre autrement ? Entendre et accepter que notre semblable soit fondamentalement différent de nous-même. Que de malentendus évités ! Que de violences avortées à la racine…
L’écoute active
On peut raisonnablement entendre le langage d’autrui dès lors que la peur a disparu. C’est toujours la peur qui fait se boucher les oreilles. La politique de l’autruche en fait partie. À force de ne pas voir, de ne pas entendre ce que l’interlocuteur s’évertue à nous dire, il y a un risque de clash toujours possible. L’écoute active, qui n’a rien à voir avec la soumission passive à des injonctions, est le pas incontournable à oser franchir pour une « communication en santé », comme l’explique encore Jacques Salomé. Cette écoute passe par un questionnement sur soi mais aussi par des demandes de précisions. La simple question « Qu’en penses-tu ? » rassure un partenaire qui souffre d’un sentiment erroné d’indifférence. Apprendre à se positionner et expliciter son désarroi montrent également qu’un désaccord n’engendre pas fondamentalement l’agressivité.
Didier Novati
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