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La psycho
dans Signes & sens
Comment se réconcilier
avec son histoire
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Lorsqu’on a compris que tout ce qui existe est bien,
puisque cela existe, on a compris la première règle
importante permettant d’atteindre à plus de paix et de
tranquillité. Dans cet état de paix, on apprend à observer.
Les choses se dévoilent alors à leur sens caché. On
se libère peu à peu des idées fixes et on cesse de lutter,
sans pour cela cesser d’agir.
L’Homme qui s’imagine que son action transformera le monde ne remarque pas, le plus souvent, qu’il est devenu l’esclave des événements et des circonstances mêmes qu’il voulait changer ; ce sont alors eux qui ont prise sur lui et le modifient. Une preuve de maturité
Une activité fructueuse prend sa source dans la paix. Laisser
se dérouler un événement sans chercher aussitôt à intervenir
est une preuve de maturité. Mais cette attitude est difficile : presque tout le monde craint ainsi de devenir le jouet d’autrui,
d’abandonner sa lucidité, d’être vaincu. On renonce difficilement à se défendre, on abandonne avec peine ses chères habitudes
de combattant, on veut montrer aux autres «qui l’on
est», on veut exercer sa puissance. Pierre lui-même ne put se
retenir, à Gethsémani, de tirer son épée, montrant ainsi qu’il
n’avait pas encore vraiment compris les enseignements de son
maître. Celui qui n’est pas prêt à vivre en harmonie avec les
objets de la réalité ne verra pas s’ouvrir la porte du chemin ésotérique.
La réhabilitation du passé
La plupart des gens traînent avec eux la lourde charge du passé. Les situations et les personnes qui les marquèrent, avec qui ils furent en lutte, pèsent encore sur leurs épaules. Pour se débarrasser de ce fardeau, on peut se livrer à l’exercice suivant : Il faut choisir un moment de calme et de solitude, se détendre, fermer les yeux et laisser se dérouler, devant la vision intérieure, les situations dans lesquelles on s’est trouvé et dont on pense qu’il eut mieux valu ne pas les vivre. Ces passages, qui furent notre lot, il faut les « voir » et voir en même temps les personnes qui y jouèrent un rôle négatif, dont on croit qu’elles nous firent tort et que l’on préfèrerait n’avoir jamais rencontrées. Pendant que se jouent ainsi ces scènes, que nous ramenons intérieurement à la vie avec ceux qui y participèrent, il faut
prendre conscience que cette tranche du passé représente un échelon sur le chemin de notre destinée personnelle. Et que
sans elles nous ne serions pas aujourd’hui là où nous en sommes.
On cherche à comprendre quelle est la signification de ce passé et, lentement, on parvient à être reconnaissant pour ce qui fut.
Lorsqu’on parvient à sourire intérieurement au rappel des événements douloureux du passé et que l’on est capable de remercier, en son cœur, ceux qui y prirent part et furent ainsi les agents de notre destin, on peut aller au-devant d’une nouvelle expérience afin de progresser encore. Il faut ainsi remonter peu à peu, et l’une après l’autre, les expériences vécues, sans intervention mentale ; simplement prendre les images qui surviennent et avec lesquelles nous fûmes en guerre, ne pas les repousser, croyant que tout cela est «liquidé» depuis longtemps. En répétant cet exercice – qui peut paraître douloureux à certains –, on finira par constater que l’on se débarrasse d’un poids, que l’on se sent plus léger.
Un abandon libérateur
Essayez de vous appuyer de toutes vos forces contre un mur, vous sentirez sa résistance. Retirez vos mains et le mur cesse aussitôt de vous résister. La comparaison peut vous paraître banale. Pourtant, beaucoup d’entre nous s’efforcent d’enfoncer un mur tout en se plaignant amèrement de la pression qu’il exerce. Abandonner toute résistance, n’est-ce pas facile, en théorie ? Cependant, la plupart des individus trouvent que c’est incroyablement difficile. Ils sont intimement persuadés qu’il leur faut enfoncer le mur pour garder la face. Ils croient que le mur fait pression sur eux et que s’ils cessent de lui résister, il leur tombera dessus. Quelle erreur ! Essayez donc vous-même, faites en l’expérience, vous comprendrez alors le fond du problème. On a vraiment l’impression que le mur va nous écraser si on ne lui oppose pas une résistance égale à la pression qu’il exerce. Mais, pour bien voir l’erreur que nous commettons, il faut avoir le courage de laisser aller, d’abandonner cet effort de résistance. Lorsque nous aurons enfin reconnu que la paroi a le droit d’exister, que ce mur a sa propre signification, nous nous rendrons compte qu’il ne sert à rien de s’y opposer et aussitôt il cessera de nous oppresser…
Daniel Moran
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