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La psycho
de Signes & sens
J’ai réussi sans le bac !
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En France, selon l’ANPE, deux patrons sur trois ne sont pas titulaires de ce « sacro-saint » diplôme qu’est le bac. Preuve que celui-ci n’est pas le sésame incontournable de la réussite. Les secteurs privilégiés de ces autodidactes sont le commerce, la restauration-hôtellerie, l’industrie, l’informatique… C’est comme si le handicap du départ était l’occasion de booster le talent.
Réussir sa vie n’est donc pas synonyme de réussite scolaire. Les bons élèves ne sont pas automatiquement ceux qui auront une vie professionnelle riche – à tous les sens du terme –, et épanouissante. Certes, les diplômes ouvrent beaucoup de portes. Mais il existe heureusement d’autres ouvertures auxquelles on ne pense pas toujours…
Détermination et esprit d’entreprise
Nombre de jeunes, à 16 ans, ne se sentent plus en adéquation avec le système éducatif et choisissent, parfois au grand damne de leurs parents, de rentrer dans la vie active. Samuel, après la troisième, est un de ceux-là. Malgré un père enseignant qui aurait préféré qu’il passe son bac, cet adolescent, après une journée en CFA sérigraphie, a fait son choix. Bien qu’il n’existe que deux entreprises susceptibles de le prendre en apprentissage dans sa région et ayant essuyé un refus de la première, Samuel ne baisse pas les bras. Il se présente seul à la deuxième adresse. Devant sa détermination et sa motivation, le patron accepte de le prendre à l’essai. Résultat : au bout d’un mois, le jeune apprenti est capable de gérer une machine seul, ce qui surprend son maître d’apprentissage. Alors que Samuel frisait la mélancolie chaque matin pour aller au collège, sa nouvelle activité semble l’avoir transformé : autonomie d’argent de poche amplement mérité, intérêt pour l’entreprise. Connaissant ses capacités en informatique, il est question, au bout de trois mois, que l’informaticien de la boîte le forme de manière à rentabiliser le poste pendant ses périodes de congés ! Ceux-ci seront d’ailleurs calqués en fonction de la présence de Samuel, sachant qu’il sera en formation une semaine par mois dans un centre d’apprentissage. Cet adolescent est donc entré par la petite porte mais a bien l’intention de ne pas s’en arrêter là…
Oui, c’est possible !
Entré en apprentissage à 14 ans, Jean-Claude Bourrelier ouvre 15 ans plus tard son premier magasin de bricolage. Il dirige aujourd’hui le groupe Bricorama qui aligne plus de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires. Si ce chef d’entreprise semble atypique, il n’est pourtant pas le seul à avoir réussi là où des milliers de diplômés n’ont pas eu le cran de s’aventurer. Ils sont en effet nombreux ceux qui sont partis du bas de l’échelle pour parvenir où leurs talents les prédestinaient. En 1979, Muriel Marion a commencé comme commis à l’INSEE, sans le bac. Il s’agissait au début de faire des croix et des barres dans des cases : un travail basique de statistiques. À force d’ambition, de ténacité, de persévérance et de concours internes, elle est aujourd’hui cadre A, ce qui équivaut à la plus haute catégorie de la Fonction Publique. Lorsqu’on lui oppose le côté rigide de l’Administration, elle répond fort justement : Les gens pensent que, dans la Fonction Publique, on suit un mouvement. On a une hiérarchie qui nous donne des indications. C’est vrai, mais personne ne nous empêche de faire des propositions !
Les personnes qui réussissent sans diplôme ont cependant quelques secrets, du fait qu’elles doivent faire leurs preuves. Alors qu’un diplômé peut se laisser vivre puisqu’il peut penser que sa qualification est acquise à vie, le sans diplôme développe de nombreuses qualités. Il est curieux et pragmatique. N’étant pas formaté une fois pour toutes, un autodidacte sera volontiers adaptable. Son opiniâtreté est souvent mise en avant. Il fait preuve d’intuition et a peu d’a priori. Ainsi est-il plus entreprenant. On retrouve ces profils de gagnants dans les postes relationnels. Ce sont souvent de très bons commerciaux. Il n’est pas rare aujourd’hui de les voir dans les sociétés d’informatique grâce à leurs compétences acquises sur le tas. En outre, ils deviennent de bons chefs d’entreprise car ils sont souvent passés par tous les postes.
Coralie Fouquet
Le diplôme de l’expérience
Les hôteliers et les restaurateurs, par exemple, s’attachent souvent plus à la motivation, à la disponibilité, à l’expérience pratique du candidat postulant qu’au contenu de son CV. Ces professionnels apprécient les profils atypiques. Dans le secteur de la vente notamment, les employeurs préfèrent souvent les embaucher plutôt que des BTS action commerciale. Après avoir gravi les échelons à force de motivation, le sans bac a la possibilité de valider ses acquis. La loi de modernisation sociale et son volet sur la validation des acquis de l’expérience (VAE) permettent l’obtention d’un diplôme, d’une certification ou d’un titre homologué dans le répertoire national : le diplôme de l’expérience, celui qui permet d’aller toujours plus haut…
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