|
La psycho
dans Signes & sens
J’apprends à gérer
mes peurs
|
Selon le dictionnaire, la peur se définit comme étant « un sentiment de forte inquiétude, d’alarme, en présence ou à la pensée d’un danger, d’une menace ». Quant à la psychanalyse, elle distingue la peur face à un danger réel et celle, essentiellement subjective, qui se rapproche plus d’une angoisse sans raison apparente. Alors que la première est éminemment protectrice, à condition qu’elle ne soit pas paralysante, la seconde peut poser problème.
Peur, inquiétude, anxiété, angoisse, sont des termes apparemment proches quant à leur sens, qu’il convient pourtant de différencier. Ainsi, la façon de les appréhender n’en sera que plus aisée…
La peur face à un danger réel
Heureusement qu’une montée d’adrénaline se déclenche face à une situation de danger imminent. Elle permet, de façon instinctive, de trouver l’énergie de se protéger en adaptant le comportement adéquat à l’instant t. La peur de se faire renverser sur le passage piéton par un automobiliste roulant à grande vitesse stoppe sur le champ notre intention de traverser la chaussée. Ainsi, la peur face à un danger réel est ici liée au présent. Elle est une réponse parfaitement adaptée à un fait objectif.
L’inquiétude
L’inquiétude est, en quelque sorte, une peur subjective dans la mesure où le danger invoqué n’est pas immédiatement perçu par les sens. Pour autant, elle peut être légitime : s’inquiéter pour un retard, une facture à régler, un examen à passer, etc. L’inquiétude prend alors la forme d’un signal d’alarme évolutif qui met en mouvement. Le parent inquiet téléphone, le locataire fait en sorte de régler son loyer, l’étudiant décide d’accorder plus de temps à ses révisions. Dès lors que l’objet de l’inquiétude est clairement identifié, des solutions pour en venir à bout ne manquent jamais de se présenter.
L’anxiété et l’angoisse
Moins faciles à gérer, l’anxiété et l’angoisse s’apparentent à des peurs irraisonnées, voire irrationnelles, mais pourtant réellement éprouvées par le sujet. Il en est ainsi des différentes formes de phobies, comme par exemple la peur de se retrouver au milieu d’une foule (agoraphobie), dans une espace clos (claustrophobie) ou encore la peur récurrente d’être jugé (une manifestation de phobie sociale). La psychanalyse parle dans ce cas d’un processus d’évitement, puis de déplacement. L’objet de la peur masque en réalité une angoisse inconsciente qui ne peut se manifester autrement. Le premier réflexe à avoir pour ne pas sombrer dans la peur panique consiste à ne pas dramatiser outre mesure. Il s’agit d’accepter le symptôme, de le verbaliser, sachant que cacher sa phobie isole et renforce l’anxiété. 5 % de la population souffrent de peurs irraisonnées, sans compter le pourcentage de ceux qui n’en parlent pas. Il faut savoir que l’investigation psychanalytique obtient de très bons résultats dans ce domaine.
La peur originelle
Nommée thanatophobie lorsqu’elle est invalidante, on peut affirmer que la peur de la mort est à l’origine de toutes les autres peurs. Paradoxalement, elle est un principe de réalité incontournable tout en étant l’objet d’une incertitude absolue. Si nous sommes témoins de la mort d’autrui, nous ne savons rien de la nôtre. L’imagination de l’Homme gère cette peur originelle depuis qu’il sait – à la différence des animaux – qu’il est mortel, en élaborant des systèmes philosophiques ou religieux. Il s’agit, quoi qu’il en soit, d’accepter cette mort future pour accepter de vivre pleinement, tout en sachant qu’il ne sert à rien de s’inquiéter pour quelque chose qui n’est pas d’actualité ici et maintenant.
Martial Keskin
|