Pendant les périodes de vacances scolaires, on assiste à un chassé croisé d’enfants voyageurs de plus en plus important. Si, dans le nombre, se trouvent des vacanciers qui rejoignent leur lieu de villégiature, beaucoup vont voir papa ou maman.
Certains enfants font régulièrement des allers et retours rythmés par un droit de visite ou une garde alternée. Faire sa valise rime alors avec l’idée affectueuse des retrouvailles de l’autre parent qui vit dans un autre foyer. C’est dire l’importance d’un tel voyage. Mais c’est aussi quitter momentanément un des deux géniteurs. Ce à quoi, bien évidemment, il faut être attentif.
Deux domiciles
La notion de famille a toujours évolué au cours des années et des époques. Pourtant, souvent encore, on se réfère à une famille idéalisée, présentée comme stable. Or, l’Histoire ne va pas absolument dans ce sens. Souvenons-nous des familles traditionnelles des siècles passés et leurs remariages fréquents, en cas de décès de l’un des conjoints, avec recomposition de la famille. Plus près de nous, pendant
Les trente glorieuses, après la deuxième guerre mondiale, le divorce était largement minoritaire mais existait pourtant. Tous les enfants ne vivaient donc pas avec leurs deux parents. Cependant, un nouvel élément émerge dans la vie de nombreux enfants : leurs parents ont chacun un domicile. Par le passé, l’enfant d’une famille, qu’on n’appelait pas encore recomposée, n’avait qu’un seul toit. Maintenant, les enfants dont les parents sont séparés vivent chez maman ou chez papa et vont de chez l’un à chez l’autre. Il n’est pas rare de voir des enfants portant leur sac à dos pour l’école et leur sac de voyage qu’ils déposent dans un coin de la classe. Ils le reprendront à la fin de la journée scolaire pour partir directement, sans passer par le domicile qu’ils ont quitté le matin. Ils vont rejoindre leur deuxième lieu de vie.
Deux liens indéfectibles
À l’évidence, un enfant a besoin de sa mère et de son père. Il est donc très important qu’il soit dans une position de neutralité sans avoir, surtout, à prendre parti pour l’un ou l’autre. Il n’a pas à se sentir responsable de la séparation de ses parents. Il n’a pas à gommer l’un pour l’autre. Comme, aussi, il n’a pas à se sentir coupable d’en laisser un pour rejoindre l’autre. Cette relation avec ses deux parents est primordiale pour lui. De là vient son identité. Si le couple parental n’existe plus, son lien avec sa mère et son lien avec son père existent. Quelles que soient les relations entre adultes, sereines ou pas, l’enfant se sentira respecté et aimé dans la mesure où il pourra, sans culpabilité aucune, se considérer comme l’enfant de sa mère et l’enfant de son père et être accueilli chez chacun d’eux. Permettre à son enfant de s’adapter au nouvel agencement de sa vie, pour qu’il puisse mettre en place un équilibre essentiel, exige cette cohésion. Faire sa valise avec lui, pour qu’il aille chez son père ou chez sa mère, consiste à ne pas se comporter comme si ce départ n’existait pas ou n’était qu’une parenthèse vide à combler au retour : il est essentiel de lui dire tout l’intérêt que l’on accorde à son bien-être, à ce qu’il ne manque de rien, l’assurer de l’amour qu’on lui porte et que l’on ne se sent ni trahi ni abandonné par son départ. Il est primordial surtout d’accepter son droit à aimer ses deux parents.
Bernadette Fabian