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La psycho
dans Signes & sens
La pilule du bonheur :
attention à la facilité…
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La France est championne du monde en consommation d’antidépresseurs et autres anxiolytiques. Dans le même temps, le déficit de la Sécurité Sociale se creuse inexorablement…
La santé psychique est sans conteste un bien qui n’a pas de prix. Aussi, l’avancée en matière de médicaments visant à réguler une humeur en cas de trouble avéré (mélancolie, maniaco-dépression…) n’est en aucun cas à mettre en cause. Ici, consulter un professionnel compétent en la matière est fortement conseillé, voire incontournable. Pour autant, il n’est pas question de confondre déprime et dépression. Là où une thérapie par la parole remplacerait avantageusement la « béquille » chimique, nous avons trop tendance à demander la pilule qui, sans effort ni interrogation, nous rendra heureux…
Le mythe de la pilule du bonheur
Comme tout serait facile si, à chaque problématique humaine, correspondait une formule chimique contenant la réponse. Angoisse de vieillir ? Pas de problème ! Il suffit du comprimé idoine et c’est réglé. Vous n’avez pas rencontré l’amour ? Qu’à cela ne tienne ! Quelques gouttes d’un produit miracle matin et soir et le prince charmant va se manifester, tel le bon génie issu du flacon magique. De tout temps, l’humanité a imaginé l’élixir de jouvence. Et même si la pharmacopée a fait d’indéniables progrès, il est fort à parier que le bonheur ne se résume pas – et heureusement – à des molécules agencées par quelques apprentis sorciers, aussi géniaux soient-ils…
Des prescriptions pas toujours adaptées
Selon une recherche publiée dans le « Journal of Clinical Psychiatry », la thérapie familiale serait plus efficace que la simple augmentation de la dose d’antidépresseur pour éviter les rechutes, lors d’un traitement à long terme d’une dépression majeure sévère. Ces résultats illustrent l’importance des événements de la vie et de l’équilibre familial chez les personnes traitées pour des épisodes répétés de dépression, commente le Docteur Giovanni A. Fava de l’Université de Bologne (Italie), principal auteur de la recherche. Par ailleurs, une étude Sofres réalisée il y a déjà une décennie, auprès de 44000 sujets de plus de 15 ans, a montré que la moitié des utilisateurs d’antidépresseurs étaient bien dépressifs mais que 25 % répondaient à un diagnostic de la lignée dépressive ne relevant pas d’un traitement antidépresseur, que 16 % présentaient des symptômes psychiatriques autres que dépressifs et 5 % ne présentaient ni symptôme ni diagnostic psychiatrique. C’est malgré tout, et raisonnablement, pour ces raisons, que les différentes thérapies par la parole se sont imposées progressivement.
Des alternatives
Angélique Houlbert, diététicienne, propose, dans son livre « Des alternatives aux antidépresseurs », publié aux Éditions Sully, des approches naturelles afin de surmonter efficacement des passages dépressifs ne relevant pas d’une réelle prescription de psychotropes. Ainsi, une alimentation à base de compléments alimentaires (oméga 3, vitamines, minéraux) peut aider à compenser une baisse momentanée de moral. Des plantes, telles que le millepertuis ou le magnolia, possèdent des propriétés antidépressives. Lorsqu’il s’agit d’un coup de blues, elle conseille d’essayer l’oligothérapie, l’aromathérapie, l’homéopathie, les élixirs floraux. Les techniques corporelles, telles que le yoga, sont recommandées. Il existe un large panel de possibilités qui évitent de devenir accro du Prozac : s’il peut s’avérer efficace ponctuellement, ce produit n’est pas sans effets secondaires et peut être, dans bien des cas, avantageusement remplacé. L’antidépresseur relève donc d’une décision médicale stricte et conforme à l’état psychique momentané du patient et non d’une solution de facilité dont les conséquences seront toujours regrettables si l’étayage n’était pas nécessaire…
Christian Bernier
« J’ai mis de l’ordre dans
ma vie
sans antidépresseur »
Margot, professeur des écoles, 42 ans
Depuis quelque temps, je n’allais pas bien. Je me suis décidée à consulter un psychiatre afin qu’il me prescrive un antidépresseur. À mon grand étonnement et après avoir écouté ma plainte, il m’a assuré que je n’en avais pas besoin. Il m’a expliqué quelles indications relevaient du produit demandé. Il m’a proposé de me revoir la semaine suivante en me demandant de réfléchir à la situation ambivalente au niveau de ma relation avec mon partenaire. Il m’a alors assuré que des entretiens psychologiques pouvaient largement remplacer, dans mon cas, un médicament. Effectivement, j’étais dans une période où je n’arrivais pas à faire un choix amoureux. Mon psychiatre m’a fait pointer du doigt que j’avais en moi l’énergie nécessaire pour dépasser cette mauvaise passe. Aujourd’hui, je peux affirmer que sans antidépresseur, j’ai pu remettre de l’ordre dans ma vie…
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