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La psycho
dans Signes & sens
La relativité du temps,
un atout à exploiter ! |
Le cycle infernal du déséquilibre est une spirale à nulle autre pareille : surcharge de travail, pondérale, émotionnelle, compensations faites d’excitants ou, à l’inverse, de calmants et l’urgence s’installe. De fait a-t-on l’impression qu’il n’y a pas de temps pour les soins du corps ou des exercices physiques. Se stigmatise une insatisfaction chronique, avec fragilisation à la clef, qui peut aller jusqu’à la maladie, si l’on n’y prend garde…
Perturbations dans la sphère relationnelle, malentendus, conflits ou autres troubles de la communication, tous ne font qu’alourdir le déséquilibre. Il est d’ailleurs là le dommage majeur : une communication insatisfaisante au point de générer souvent de l’exclusion. Le sens de la relation se dilue et se perd, la sensation de fonctionner à vide s’établit et, avec elle parfois, l’asthénie, la dépression. L’amour, dans le couple par exemple, facteur premier d’harmonie, peut sembler absent. « Construire et entretenir un lien conjugal solide et de bonne qualité nécessite beaucoup d’énergie et de vigilance », remarque Christel Petitcollin. Être coupé de soi et s’auto-infliger habitudes, activités, comportements, relations, ne convenant pas à l’évidence pour de multiples raisons, instaurent le déséquilibre. Ce processus résulte d’une réponse inadaptée à ce qui a été perçu comme agressif. Avoir gommé cette source de négativité interne amène à coup sûr une négativité extériorisée.
Une prise de conscience
Le temps est un autre composant essentiel de l’harmonie, que souvent le quotidien dans sa course infernale nous amène à négliger. Combien de fois ne reviennent-elles dans nos conversations ces expressions : « Je n’ai pas le temps / Je suis surboooké(e) / Oui, mais il me faudrait du temps… ». Cette course permanente, qui peut convenir à certains, si elle est mal vécue chez d’autres, indique manifestement que quelque chose ne va pas dans la gestion du quotidien mise en place. Il faut donc modifier des processus mais lesquels ?
La réponse est toujours la même dans ce cas : à chacun de s’interroger selon son histoire ! Il n’est pas possible d’en faire l’économie ; elle est déterminante dans l’existence de l’être humain. Ce qui est certain, c’est que faire fi des besoins du corps ou des désirs du sujet amène assurément à creuser les désaccords. Ainsi, un domaine peut se faire dévorant au détriment d’autres. Si temporairement c’est supportable, il semble difficile d’envisager une telle organisation de vie sur un long terme. Ce serait se réduire en s’interdisant, de fait, tous les autres champs d’activités ou de satisfaction. Bien vite, une telle organisation ressemblerait à du sacrifice, comme supprimer ou bâcler des habitudes qui prennent du temps : s’alimenter, faire du sport, lire un bon livre ou simplement écouter son entourage. Tous manques cumulés font l’existence désagréable. Comment alors, en de telles circonstances, faire des projets, réfléchir, adapter son comportement, pour que ne semble plus crucial de prendre ce temps qui paraît manquer ?
À y regarder de plus près, le temps est-il si bien géré que cela ? Rien n’est moins sûr : ces heures interminables au téléphone s’imposent-elles et ne grignotent-elles pas inexorablement la réserve d’énergie ? Ces heures affalé(e) dans le fauteuil à regarder défiler des émissions, sans véritablement les regarder, ne réduisent-elles pas le temps de sommeil ? Ces heures à insister coûte que coûte sur la même tâche, jusqu’à ne plus avancer, ne nuisent-elles pas à l’efficacité ? Faisons-nous toujours le bon choix quant à nous-même ? Si dans un premier élan, il est difficile d’accepter ce reflet de soi, c’est par lui pourtant que l’équilibre peut advenir. Être à sa place et donc respecter ses rythmes personnels, développer sa créativité propre, renforcent la santé. C’est alors avoir le réflexe de s’accorder le temps nécessaire qui ne peut être, de toute façon, le même que celui des autres sujets.
Un changement salvateur
Le sens de ce jardin intime est essentiel. Il n’est pas à entendre en tant que repli sur soi ou volonté d’évincer ses proches ou moins proches, mais en tant que source d’énergie. Cet espace existentiel permet, loin de s’éloigner, de s’ouvrir à l’existence et aux responsabilités, contacts et obligations à assumer. Passer à côté de cette envie d’autres horizons, quand elle se manifeste, sans en tenir compte pour de bonnes raisons raisonnantes, c’est alourdir sa charge personnelle. Un jour, elle produira des effets négatifs pour n’avoir pas été prise en compte. Ainsi la sérénité concilie-t-elle, alternativement, solitude choisie, accueil et activités. Une hygiène de vie qui va de soi dès lors. La connaissance de ses limites contribue à revenir à la joie. C’est opérer les décisions qui, en une alchimie personnelle, engendreront la satisfaction. Ce changement participe, sans plus se nier soi-même, sous peine d’oublier d’exister, à faire face aux exigences quotidiennes imposées par la société, malgré tout indispensable elle aussi à l’épanouissement.
Bernard Favier
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