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La psycho
dans Signes & sens
Le don,
masque d’une idéalisation
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Pour Melanie Klein, le principe de l'idéalisation est une défense contre les pulsions de mort. Pour Freud, ce processus psychique est à rapprocher du narcissisme. Quoi qu'il en soit, le don, en tant que parade, peut cacher une dépendance complexe où les mécanismes d'utilisation peuvent aller bon train.
Étonnamment, les collectes sont rarement organisées en été mais bien plutôt à la « mauvaise saison ». Oui certes, la raison en semble évidente : c'est lorsque le besoin s'en fait sentir que l'on fait, explique-t-on. Mais pourtant cela semble par trop simple. Tout comme l'année se déroule selon un cycle, les appels aux dons en ont un aussi ; peu sont organisés pendant la période estivale. Ne pourrait-on concevoir d'anticiper en ce domaine ? C'est qu'en été, période de bien-être collectif, ou déclarée telle, il n'est pas nécessaire de se parer d'une angoisse de contamination sur fond de clivage, en défense contre un objet mauvais, perçu excessivement dangereux ; pas question non plus de mettre en place une tentative de réparation par le don car l'angoisse est en sommeil. Dès lors, il n'y a que peu d'écho à la demande caritative.
Le don doit-il se dire ?
Le don n'est donc pas spontané mais codifié et planifié. Ne parle-t-on pas de « charité business » ? D'ailleurs, certains scandales récents ont fortement discrédité des associations qui vivent des dons reçus, à tel point que des chartes de « bonne conduite » ont été établies avec pour credo la transparence. Mais arrêtons-là cette digression. Car il est vrai que celui qui donne n'est pas toujours, et c'est tant mieux, en situation d'être grugé. Il est fort heureusement des dons qui ne riment qu'avec pulsion de vie et amour.
Ces dernières années ont été porteuses d'une évolution dans la culture du don. La médiatisation est devenue reine en ce domaine. On en est même arrivé à la promesse de don avec un différé dans le passage à l'acte qui ne peut qu'interpeller le psychanalyste. Du timbre ou de la vignette épinglés au revers du veston ou du manteau attestant du don fait, on est passé à d'autres formes : « le méga concert », ou la retransmission télévisée d'une manifestation étiquetée d' « humanitaire ». Toutes démarches et mises en forme qui ne peuvent manquer de poser questions. Ne pas s'adapter à notre société et à ses moyens de communication actuels serait bien évidemment passéiste mais, à l’inverse, ne pas s'interroger sur les limites à déterminer en la matière amène à des déviations.
L’artiste qui se produit, qui agit, offre publiquement sa recette. Et le spectateur ou le téléspectateur ?... Il est d’une grand-messe où chacun se congratule et est reconnu bon objet dans le regard de l’autre, témoin de ce « don » qui doit, pour exister pour prendre sa valeur, être au vu et au su de tous. Ainsi identifié le donneur en retire une valorisation, une exaltion narcissique. Ainsi pratiqué, le don masque une idéalisation où, selon Freud, l'objet est traité comme le moi propre... C'est alors vouloir donner à l'autre, objet paré de parfaites qualités et vertus, auquel celui qui donne s'identifie. Mais c'est aussi contradictoire car dans l'approche présente dès lors qu'il est proféré ce dit devient contrainte à faire. Or le don n'est-il pas par essence libre, fondé par le désir ? Et le don doit-il se dire ? Et, est-il nécessaire de recevoir quelque chose en échange du don, outre une saine satisfaction narcissique ?
Ne peut-on parler de paiement du don par de la musique, un CD, un livre, un objet d'artisanat... ? C'est sortir alors du registre du don-cadeau pour se placer dans un contexte d'échange commercial, fut-il sous-tendu d'intentions caritatives, ce qui est différent.
Fabienne Bonnet
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