C’est à la transmission orale de trouvères et de troubadours anonymes du Moyen-âge que nous devons les soubassements de la littérature en France. Chrétien de Troyes fut l’un des premiers à la mettre par écrit. On ne connaît d’ailleurs pas grand-chose de cet écrivain du XIIème siècle, sinon qu’il inaugura le genre romanesque, inspiré des épopées des chansons de geste, tout en véhiculant la culture religieuse de l’époque…
Alors que tout ce qui était écrit auparavant l’était en latin et réservé au clergé ou aux seuls érudits, le roman est transmis en langue romane ou langue vulgaire mais respecte encore la versification latine, les œuvres en prose n’apparaissant qu’à partir du XIVème siècle.
De Lancelot au Roman de Renard
L’amour courtois reste le thème privilégié des premiers romans. Dans son « Lancelot, le chevalier à la charrette », Chrétien de Troyes répond à la commande de la comtesse Marie de Champagne. Comme pour les autres formes artistiques, le mécénat demeure en effet incontournable. Sur fond de légende arthurienne, ce livre décrit l’amour courtois (platonique) du chevalier et de la reine Guenièvre. Le même auteur écrira aussi l’histoire d’un autre chevalier, « Perceval ou le conte du Graal », roman inachevé. Viendront ensuite le roman de « Tristan et Iseult », écrit par Béroul et Thomas d’Angleterre et le « Roman de Renard », compilation de textes rédigés entre 1174 et 1342 par plusieurs auteurs dont la postérité n’a pas retenu l’identité.
François Villon, l’enfant terrible
Auteur du « Lais » et de la célèbre « Ballade des pendus », François de Montcorbier, dit François Villon, naît à Paris vers 1432 et disparaît sans laisser de trace en 1463. Il est le premier à se faire un nom dans la littérature, et surtout dans le genre poétique, alors qu’il n’est pas issu d’un milieu favorisé. Orphelin très jeune, il a cependant la chance d’être recueilli par Guillaume de Villon, chanoine de l’église Saint-Benoît-le-Bétourné. Il peut ainsi faire des études poussées à Paris et devenir maître ès Art de l’université dans l’objectif de se destiner à une carrière ecclésiastique. Toutefois, il ne désire pas se couper de ses origines modestes et fréquente le « bas-peuple ». Il y rencontre des « mauvais garçons » et devient le premier écrivain contestataire de son temps. Condamné à plusieurs reprises pour avoir pris part à des affrontements, il ne devra sa libération qu’à son talent littéraire reconnu par des hauts dignitaires touchés par ses textes. Enfant terrible de la littérature, il parcourt le pays, tels les troubadours d’antan, non sans participer au concours de Blois à la cour du duc Charles d’Orléans. Déchiré entre deux classes sociales, seule l’écriture lui permet de tisser un lien entre elles. Aujourd’hui encore, il reste le père d’une littérature de qualité mais sans concession dont le sens est de faire évoluer les mentalités.
L’humanisme de la Renaissance
C’est à partir du XVIème siècle que le pouvoir culturel absolu de l’Église commence à être remis en question. La période de la Renaissance accouche d’un véritable vivier d’écrivains et de philosophes. Rabelais et Montaigne s’inspirent, comme le faisait Villon, des événements de leur époque et abandonnent une certaine répétition du savoir. L’humanisme prend sa place dans cette véritable ouverture d’esprit. Érasme sort des sentiers battus avec son « Éloge de la folie ». Le protestantisme remet en cause l’infaillibilité du dogme catholique. Joachim du Bellay et Pierre Ronsard forment le groupe de « La Pléiade » – aujourd’hui sacro-sainte – regroupant des écrivains fermement décidés à défendre la qualité de la langue française. Beaucoup d’écrits satiriques jailliront de cette communauté intellectuelle. La littérature possède désormais une fondation solide et les salons littéraires se multiplient. Jean de La Fontaine, La Rochefoucault, La Bruyère sont autorisés à peindre les mœurs de leur temps sans pour autant risquer les foudres des Puissants de ce monde. Le théâtre devient peu à peu un art littéraire à part entière, même s’il est toujours interdit d’inhumer un acteur dans un cimetière chrétien ! Montesquieu, Voltaire et Rousseau, auteurs du « Siècle des Lumières », anticipent le changement radical du XVIIIème siècle avec la Révolution Française. À notre époque, malgré l’essor formidable des médias, il est bon de se souvenir de ces pionniers de la communication. Non pas par goût d’un passéisme de mauvais aloi mais pour mieux reprendre le flambeau…
Jean-Pierre Lamy
